Changer les habitudes des médecins et des infirmières d'un bloc opératoire relève souvent de l'exploit. L'hôpital Anna-Laberge, à Châteauguay, y est parvenu en quelques mois. Résultat: les listes d'attente ont fondu, et on réalise un nombre record d'opérations de la hanche, du genou et de la cataracte.

La direction de l'hôpital Anna-Laberge s'est penchée l'été dernier sur la façon d'implanter une nouvelle loi sur l'accès aux services spécialisés. L'approche aurait pu se résumer à l'installation du système informatique permettant de centraliser les listes d'attente fournies par le ministère de la Santé.

La direction a plutôt revu l'ensemble des façons de faire de son bloc opératoire. Ce qui lui a valu le prix «des bons coups» dans la catégorie «ressources humaines» remis par le ministère de la Santé, en juin.

Depuis juin 2007, le gouvernement oblige les établissements de santé québécois à garantir l'accès aux opérations de la hanche, du genou et de la cataracte en moins de six mois.

Aux grands maux, les grands remèdes

Pour offrir un suivi personnalisé aux patients en attente d'une opération, l'hôpital a déménagé le personnel responsable de la gestion des listes d'attente dans le secteur du bloc opératoire. «Les médecins et les infirmières sont là si j'ai des questions sur les opérations», explique la préposée, Suzanne Gagnon.

Autre mesure révolutionnaire: des infirmières auxiliaires dégagent les infirmières de certaines tâches et permettent d'augmenter la capacité des blocs opératoires. Ce changement a demandé «une grande ouverture» aux infirmières et aux médecins, selon Paul Moreau, directeur général de l'établissement.

«C'est sûr que c'est un choc pour les infirmières, dit Monique Gagné, coordonnatrice aux soins préopératoires. Mais elles gagnent en qualité de vie. Elles sont moins souvent de garde la fin de semaine», ajoute-t-elle.

Les médecins ont aussi accepté de réviser leur horaire de travail pour faire un «blitz» d'opérations dans le but de réduire de façon considérable les délais d'attente. La révision des priorités d'opération est aussi au nombre des changements apportés par la direction. Si l'on se fie à l'augmentation du nombre d'opérations effectuées depuis 2007 (voir tableau) et à la diminution «à presque zéro» des patients qui n'ont pas été opérés en six mois, les changements apportés sont un véritable succès.

Mais c'est de la mobilisation de la main-d'oeuvre de l'hôpital dont Paul Moreau est le plus fier. «Une véritable relation de confiance s'est établie entre les membres du personnel», conclut-il.

Opérations à Anna-Laberge

Cataracte

> 2006-2007: 1588

> 2007-2008: 1912

Prothèse de la hanche

> 2006-2007: 37

> 2007-2008: 63

Prothèse du genou

> 2006-2007: 50

> 2007-2008: 85

Un modèle à reproduire

Le succès de l'hôpital Anna-Laberge serait possible dans les hôpitaux moins modernes de Montréal, selon le directeur général, Paul Moreau.

«L'exercice n'a pas de lien avec la structure physique de l'établissement, indique-t-il. Notre succès repose sur la réorganisation du travail chez tous les professionnels de l'établissement. Dans d'autres hôpitaux, c'est du côté du personnel et des structures corporatives en place qu'il peut y avoir différentes zones de résistance.»