Depuis quelques semaines, Alexia, 11 ans, demande à ses parents de la laisser quitter l'école après les classes et de rester seule à la maison en attendant leur retour du travail.

Elle commence à trouver qu'elle est un peu grande pour le service de garde. Elle souhaite même ne plus aller au camp de jour cet été et se «garder toute seule». Ses parents la comprennent, mais demeurent perplexes par rapport à ses demandes. Est-elle prête à rester seule quelques heures? Peut-être. Toute une journée? Pas sûr!

Vers la fin du primaire, plusieurs enfants (cinquième et sixième année) commencent à trouver que les camps de jour et les services de garde, c'est pour les bébés! Sont-ils assez vieux à cet âge (11 ou 12 ans) pour rester seuls à la maison, pendant que papa et maman travaillent? Vous serez peut-être frustrés de ma réponse (typique de psychologue), mais la voici quand même : ça dépend! En fait, chaque enfant est différent et chaque situation familiale est différente. Les parents doivent donc utiliser leur jugement et considérer plusieurs facteurs avant de prendre une décision si importante.

Facteurs liés à l'enfant

- La maturité de l'enfant

- Son degré d'anxiété lorsqu'il est éloigné de ses parents

- Son sens des responsabilités

- La présence ou l'absence de problèmes affectifs ou de comportement chez l'enfant

Facteurs liés aux parents

- Le niveau de confort du parent à l'idée de laisser l'enfant seul

- La possibilité pour le parent de superviser l'enfant à distance (surtout au début)

- La possibilité pour le parent de s'absenter du bureau en cas d'urgence

Facteurs liés à l'environnement et à la situation familiale

- Le nombre d'heures par jour durant lesquelles l'enfant devra être seul

- La disponibilité et la proximité géographique d'un adulte en qui la famille a confiance si jamais l'enfant a besoin d'aide (grands-parents, oncle, parents d'amis...)

- Le niveau de sécurité ou de danger dans la maison (appareils défectueux, piscine à l'extérieur...)

Cette décision n'est pas à prendre à la légère. Si l'enfant n'est pas assez mature ou s'il est mal préparé à rester seul, les conséquences peuvent être désastreuses au chapitre de sa sécurité, de son développement affectif et du lien de confiance entre ses parents et lui. D'un autre côté, si l'enfant est assez mature, cette expérience peut lui apporter un sentiment d'autonomie et de confiance en lui... à condition que les parents planifient bien le déroulement de cette expérience.

Comment préparer son enfant à rester seul? Il existe plusieurs moyens :

- Faire des plans d'urgence en cas de panne de courant, d'incendie, d'appels téléphoniques suspects ou d'étrangers qui frappent à la porte;

- Faire des mises en situation pour lui donner confiance en lui;

- Préparer une liste de numéros de téléphone d'urgence;

- Rendre la maison plus sécuritaire (ex. : changer les piles du détecteur de fumée, se procurer un extincteur, s'assurer que les portes et les fenêtres se verrouillent bien...);

- Lui faire une liste de règlements, ainsi que des tâches ou des activités qu'il peut faire et celles qu'il ne peut pas faire (ex. : ne pas utiliser Internet);

- Lui indiquer ce qu'il peut manger et comment le préparer;

- L'inscrire à des cours de gardiens avertis (offerts par la Croix-Rouge, à partir de 11 ans);

- Commencer par le laisser pendant de courtes périodes avant de commencer à vous absenter plus longtemps. Demander à l'enfant ce qui s'est passé pendant votre absence; comment s'est-il senti?

Évidemment, si les parents le peuvent, il est préférable d'appeler l'enfant une ou deux fois par jour les premières fois qu'il se retrouve seul. Cela sécurisera les parents tout autant que l'enfant. Il est également possible de planifier l'été pour minimiser le nombre total de journées durant lesquelles fiston ou fillette devra rester seul. À titre d'exemple, vous pouvez vous organiser avec les parents des amis de votre enfant afin qu'à tour de rôle, un parent s'occupe des amis s'il a des jours de congé durant la semaine.

Voilà ma dernière chronique avant la relâche estivale. Je vous souhaite de passer le plus beau des étés, et au plaisir de vous retrouver avec de toutes nouvelles chroniques à la rentrée.