La petite pomme de terre en pâté servie le matin a le même goût depuis des années. Mais sa composition n'est plus la même : pressées par le gouvernement canadien, les grandes chaînes de restauration ont fait fondre les gras trans de leurs menus. Preuve que la substitution des matières grasses est bel et bien possible, avec une petite mesure incitative.

La fameuse «patate hachée brune» du matin de Burger King compte pratiquement quatre fois moins de gras trans maintenant que celle du printemps dernier. Ce faisant, le petit pâté de pommes de terre compte la moitié moins de matière grasse au total et la moitié moins de gras saturé, une autre forme de gras qu'il vaut mieux éviter.

Des résultats aussi spectaculaires se retrouvent un peu partout dans le rapport de surveillance dévoilé hier par Santé Canada. On y jette un coup d'oeil sur de nombreux produits populaires de l'industrie alimentaire, autant sur des produits d'épicerie que sur des plats de menus de restaurant où la friture est reine. Car les spécialistes de Santé Canada se sont intéressés aux aliments très gras et souvent aussi pauvres en valeurs nutritives. Aucun fleuron de l'alimentation végétarienne n'est passé sous la loupe des inspecteurs. Dans la catégorie restauration minute, les résultats sont néanmoins notables.

La Fondation des maladies du coeur du Canada a même salué le travail accompli par certains grands groupes alimentaires. «Plusieurs établissements de restauration rapide se sont joints au mouvement de réduction des gras trans et nous les en félicitons», a commenté hier Sally Brown, dirigeante de la fondation canadienne.

C'est bien, mais il ne faudrait pas croire que les multinationales des frites éliminent leurs gras trans uniquement pour faire plaisir à Santé Canada. La tendance est également très forte aux États-Unis et en Europe. La consommation des gras trans augmente les risques de maladies cardiovasculaires. Des études ont aussi établi des liens entre gras trans et diabète et même certaines formes de cancer.

La Fondation des maladies du coeur donne une moins bonne note à l'industrie de la pâtisserie commerciale. Les restaurants de beignes font encore, en général, des produits beaucoup trop gras. Certains fabricants de margarine peinent aussi à réduire le taux de gras trans, bien que certains ont déjà réussi à passer sous la barre des 2%, la nouvelle exigence canadienne.

Car dès l'année prochaine, les gras trans devront compter au maximum pour 2% des gras dans les huiles végétales et les margarines et 5% dans les autres aliments, y compris ceux qui se retrouvent sur les menus des chaînes de restauration rapide. L'industrie a jusqu'au mois de juin 2009 pour atteindre ces normes, mais d'ici là, Santé Canada les a à l'oeil. D'où la publication de ce rapport de surveillance hier.

Les chiffres dévoilés sont d'autant plus intéressants que dans le cas des restaurants, contrairement à l'épicerie, les consommateurs font généralement moins d'efforts pour consulter la liste des valeurs nutritives, lorsqu'elle est disponible.

«Il est très important que les consommateurs canadiens sachent ce que contient leur alimentation», maintient aussi Sally Brown. La Fondation des maladies du coeur donne néanmoins un avis judicieux dans le communiqué qu'elle a émis hier, celui de consommer des aliments frais plutôt que déjà préparés et de cuisiner davantage à la maison.