L'immense majorité des handicapés visuels ne réclament pas l'aide à laquelle ils ont droit au Québec, selon une nouvelle étude. Ils pensent la plupart du temps que l'aide est réservée aux aveugles, et ont parfois peur de perdre leur travail s'ils affichent leur handicap.

Dévoilée au Palais des congrès dans le cadre de la Conférence internationale sur la déficience visuelle, l'enquête montréalaise montre qu'à peine la moitié des handicapés visuels qui fréquentent les cliniques d'ophtalmologie des hôpitaux universitaires font appel aux services assurés par le gouvernement. Ces services vont de l'aide technologique -télescopes, lunettes spéciales- aux trucs permettant de coordonner les couleurs de ses vêtements ou de cuisiner, en passant par l'aide psychologique.

«Nous nous sommes intéressés aux barrières aux services parce que plusieurs études montrent qu'il y a beaucoup plus de patients souffrant de déficience visuelle que de gens qui utilisent les services disponibles, explique l'auteure de l'étude, Olga Overbury, de l'Université de Montréal. Certaines données laissent à penser que seulement 10% des personnes qui devraient avoir droit aux services gratuits s'en réclament. Notre échantillon était composé de gens qui admettent qu'il y a un problème, et pourtant seulement la moitié d'entre eux fréquentent les services de réadaptation.»

Cette proportion était la moins élevée, 40%, chez les gens qui avaient un handicap léger. Elle augmentait à un peu moins de 80% chez les gens qui avaient un handicap important. Dans plus d'un cas sur deux, la raison était l'ignorance. «Ce ne sont pas tous les ophtalmologistes qui recommandent leurs patients aux services de réadaptation. S'ils semblent bien s'en tirer, ils les laissent souvent se débrouiller seuls.»

Le portrait est compliqué par l'impact inégal des handicaps visuels d'un patient à l'autre. «Certains s'accommodent d'un handicap important, d'autres s'arrachent les cheveux dès qu'ils n'arrivent plus à arranger leur vision avec des lunettes, dit Mme Overbury. Mais d'une manière générale, la perte de la vision figure généralement parmi les trois plus grandes craintes des personnes quand elles vieillissent, à égalité avec le cancer et l'Alzheimer.»