L'histoire passionnante de Pascal Marchand dans le monde du vin a commencé, comme c'est si souvent le cas dans cet univers, par un grand voyage. Et les nouveaux chapitres qui s'ajoutent au fil des années tournent tous autour de nouvelles destinations.

Heureux, vraiment, qui, comme Pascal Marchand, a entrepris un long voyage dans les vignes... et qui continue d'y laisser sa marque, 25 ans plus tard.

Dans le petit monde du vin au Québec, le nom de Pascal Marchand est bien connu, respecté surtout, en particulier parmi les amateurs de bourgogne. De ses premiers pas spectaculaires au Domaine des Épeneaux, quand il n'avait même pas 25 ans, à son passage remarqué au Domaine de la Vougeraie, puis, depuis cinq ans, à la tête de sa propre maison, Pascal Marchand est devenu un incontournable en Bourgogne.

Pourtant, il y a 25 ans, le jeune homme était plus attiré par la plume que par la vigne.

«J'ai toujours été passionné par le vin et il y en avait toujours à la maison, ce qui était plutôt rare au Québec il y a une trentaine d'années, mais je ne pensais pas devenir vinificateur, je voulais être écrivain», m'a-t-il raconté lors d'un récent passage à Montréal.

Parti en 1984 vers la Bourgogne, à l'École de viticulture de Beaune, plus précisément, il a trouvé un nouveau chez-soi et une nouvelle passion: le pinot noir. Il a beaucoup voyagé depuis, mais la Bourgogne, maintenant, c'est chez lui. Et le pinot noir reste son cépage de prédilection.

Pourquoi avoir choisi la Bourgogne? Le jeune Marchand associait, non sans raison, la région de Bordeaux à la grande production alors que Bourgogne était, selon lui, plus paysanne. «Plus paysanne qu'aristocratique», précise-t-il.

À peine sorti de l'École de Beaune, il devient régisseur pour le comte Armand, au Domaine des Épeneaux, où il restera 15 ans, redéfinissant, millésime après millésime, le style bourguignon.

Pour bien des Québécois, Pommard et Marchand sont depuis devenus indissociables.

La reconnaissance est venue de France aussi, qui peut parfois être chauvine, pourtant.

Voici un extrait d'une critique du travail de Pascal Marchand tiré du site Oenotropie: «Pascal Marchand, sympathique Québécois devenu une figure majeure de la scène bourguignonne, a vinifié au domaine de 1985 à 1999. Les vins sont résolument modernes, souvent extraits, généreusement boisés et concentrés, avec des tanins féroces, parfois jusqu'à la limite de ce qu'il est souhaitable de réaliser avec un cépage tel que le pinot. Certaines grandes réussites sont à mettre au crédit de Pascal Marchand, telles que les 1990, 1993, 1997.»

En 1999, Pascal Marchand a quitté le comte Armand pour prendre les commandes du Domaine de Vougerais (de la famille Boisset), dont les vins sont bien connus au Québec.

Une association outre-Atlantique de la famille Boisset amènera Pascal Marchand à collaborer à la naissance du Clos Jordanne, dans la vallée du Niagara, une des plus belles réussites en pinot noir et en chardonnay (les deux cépages bourguignons) en Amérique du Nord.

«De tout ce que j'ai fait dans le monde du vin, je suis particulièrement fier des résultats au Clos Jordanne, dit-il. Dans le Nouveau Monde, Niagara est ce qui ressemble le plus à la Bourgogne. La région du Niagara produit des vins de classe mondiale en pinot noir et en chardonnay.»

«Flying winemaker», terme utilisé pour décrire le travail de ces super-vinificateurs-consultants, dont le plus connu est sans doute Michel Rolland, Pascal Marchand est aussi très fier du travail accompli au Chili, dans la vallée de Bio Bio, située à 600 km au sud de Santiago, où il se rend de 6 à 7 fois chaque année.

«Au Chili, nous avons créé une région viticole à partir de rien, ç'a été tout un défi, ne serait-ce que culturellement», explique-t-il.

Pascal Marchand a aussi un pied en Australie (le domaine Marchand and Burch, dans la région Western Australia, à Margaret River et Great Southern) et en Californie (chez Phelps).

À 50 ans, et avec une feuille de route impressionnante, c'est en Bourgogne qu'il souhaite maintenant concentrer ses efforts, principalement autour de sa propre maison, créée en 2006, et qui produit environ 6000 caisses par année.

«Même si je suis connu dans le milieu du vin, c'est beaucoup de travail, de créer une nouvelle étiquette et se faire reconnaître», conclut-il.

Soit, mais la réputation de ce grand vinificateur qui rêvait d'être écrivain constitue tout de même une sacrée belle carte de visite.

(On trouve les vins de Pascal Marchand en quantité limitée en spécialité dans certaines succursales de la SAQ.)