Quiconque a déjà emprunté l'autoroute 25 Sud a déjà remarqué, sur la droite, tout juste avant d'entrer dans le tunnel Louis-Hyppolite-La Fontaine, l'immense entrepôt de la Société des alcools du Québec.

Bien peu de gens ont toutefois une idée juste de ce qui se passe dans ce grand bâtiment de 68 000 m2 (l'équivalent de plus de 10 terrains de football), point unique d'arrivée de tous les vins et spiritueux vendus au Québec.

L'endroit est une véritable fourmilière, rythmée par les déplacements incessants des chariots élévateurs, où transitent chaque jour 50 000 caisses (de 12 bouteilles, généralement), dont 1000 caisses d'importation privée, un total de 20 millions de caisses par année.

«C'est un ballet logistique perpétuel, explique Patrick Duplessis, responsable de l'entrepôt. Une caisse entre, une autre sort, et ainsi de suite, 16 heures par jour, toute la logistique est basée sur la fluidité du roulement dans l'entrepôt.»

À chaque instant, en temps réel, quelque 2,2 millions de caisses se trouvent sur le plancher.

L'entrepôt, c'est l'avant-dernier arrêt de la caisse, avant qu'elle ne se retrouve sur une tablette de l'une des 400 succursales de la SAQ ou chez le client restaurateur, mais l'opération logistique commence quelques mois plus tôt, lors des commandes de produits. Comme pour l'industrie de la mode, la SAQ est toujours deux saisons en avance.

Par exemple, si vous voulez trouver du rosé à la succursale du coin de votre rue dès les premiers jours de mai, il a fallu le commander l'automne précédent, planifier son arrivée et sa distribution.

Du chai à l'entrepôt de la rue des Futailles, il faut compter de 12 à 18 semaines, jusqu'à 22 semaines pour les pays les plus éloignés. Tout arrive par bateau, au port de Montréal, dans des conteneurs isolés, avant d'être acheminé par camion vers l'entrepôt.

Une légende urbaine veut que les conteneurs soient parfois «oubliés» sur les quais pendant des jours, sous le chaud soleil d'été ou par un froid de canard, mais une telle situation est rarissime, affirme M.Duplessis. «De toute façon, les conteneurs sont isolés et les écarts de température ne sont jamais assez brusques ou grands pour endommager le produit», assure-t-il.

Les produits défectueux sont rapidement détectés, à l'entrepôt même, où l'on fait les analyses en laboratoire selon un ordre et un échantillonnage réglés comme du papier à musique.

On doit aussi s'assurer que les «palettes» soient déposées dans le bon rayon et à bonne hauteur, surtout dans la section où les employés d'entrepôt préparent les commandes. Les caisses doivent être à hauteur d'homme pour éviter la perte de temps et diminuer les risques d'accident.

Tout ce que la SAQ vend passe par ici, soit une brochette impressionnante de 10 500 produits différents pour le réseau de succursales et de 15 000 pour les commandes privées.

Les importations privées connaissent d'ailleurs une forte progression depuis quelques années, ce qui impose des changements dans le fonctionnement de l'entrepôt.

Par définition, les commandes privées sont plus petites que le gros volume destiné aux succursales. Il faut donc préparer à la main les commandes des restaurants ou des particuliers.

Les visites au grand public ne sont plus permises à l'entrepôt de la SAQ, mais on y invite parfois les agents (importateurs et revendeurs). «Cela nous permet de leur expliquer le fonctionnement de l'entrepôt et ils peuvent ainsi mieux comprendre les défis d'une telle logistique», dit M.Duplessis.

RIP Art de vivre

La chose est passée plutôt inaperçue, mais la SAQ a fermé ses trois sections Art de vivre dans ses succursales de Mont-Royal (Centre Rockland), Laval et Québec.

Fini, donc, les ateliers thématiques de dégustation et de cuisine et les conférences offertes aux clients de la SAQ dans ces trois succursales.

«La concurrence est très forte au Québec pour tout ce qui touche la bonne table et les accords mets-vin et il n'y avait plus assez d'activité», explique Linda Bouchard, porte-parole de la SAQ.

Les cours de dégustation offerts par la SAQ existent toujours, toutefois, et ils sont toujours aussi courus.

La SAQ vient, par ailleurs, d'inaugurer une nouvelle succursale pour titulaires de permis seulement, cette fois rue Saint-Patrick, dans Saint-Henri. L'autre cash and carry est dans la rue Saint-Zotique.

Ces deux points de vente permettent de désengorger les populaires succursales Beaubien et Atwater, qui devaient auparavant servir particuliers et restaurateurs, bars et hôteliers.