Avant d'aller plus loin dans cette chronique consacrée cette semaine à l'industrie québécoise du cidre, je me dois d'avouer, bien honteusement, que mes plus lointains souvenirs de cet alcool de pomme ne sont pas plus flatteurs pour le produit en question que... pour moi-même.

C'est que pour moi le mot cidre évoquera malheureusement toujours des relents de cuites d'adolescents déjantés au Grand Sec d'Orléans, un produit que nous pouvions alors nous procurer facilement et pour une grosse poignée de monnaie au dépanneur du coin. Rien que d'y repenser, j'en ai mal à la tête!

Au fait, si vous voulez vraiment rigoler, tapez «Grand Sec d'Orléans» sur YouTube. À défaut de goûter (ou regoûter) cette horrible concoction, vous tomberez sur une vieille pub de 1975 aussi kitsch et mauvaise que l'était le produit dont on chante les mérites (avec, notamment, Michel Côté). Pissant!

Il s'agit bien d'une époque révolue. Près de 35 ans plus tard, on ne rigole plus avec le cidre au Québec. C'est même devenu une industrie en pleine croissance, avec des lettres de noblesse et des produits de qualité qui sont en train de se tailler une place de choix dans les produits du terroir.

Il est normal, direz-vous, que dans un pays de pommes, le cidre soit roi, mais il a fallu du temps aux artisans pour se défaire de cette image grossière associée à leur produit.

Pour le cidre, le salut n'est pas venu du Grand Sec, mais plutôt du grand froid.

Bien sûr, on retrouve au Québec, et depuis des années, d'excellents cidres effervescents (dont les très bons cidres méthode champenoise de Michel Jodoin), mais c'est le cidre de glace qui tire l'industrie ces temps-ci.

Le cidre de glace, comme le fameux vin de glace qui a fait la renommée de la vallée du Niagara, est produit avec des fruits qui ont subi une gelée, une méthode tout à fait adaptée à notre nordicité.

Quelques chiffres: le nombre de producteurs de cidre de glace au Québec est passé de trois à 22 depuis 2002 et le nombre de produits, de sept à 63. En vente: de 758 000$ en 2002 à 7,8 millions cette année.

Le cidre de glace compte pour 85% des ventes de tous les produits du cidre, soit 7,8 millions sur 9,2 millions. Le reste est composé de cidre effervescent, cidre apéritif, ambre du Québec, cidre bouché, mistelle de pomme, etc.

Le marché est à ce point important et diversifié que le gouvernement du Québec a publié un règlement de 10 pages sur le cidre et les autres boissons alcooliques à base de pomme en février dans la Gazette officielle.

La SAQ a aussi imposé des normes dès 2006 pour s'assurer de la qualité et de l'intégrité du cidre de glace. Un AOC cidre de glace, en quelque sorte, signe que l'on prend désormais ce produit au sérieux au Québec.

Le mystère des prix à la SAQ

Trop heureux de vous suggérer un bon rapport qualité-prix, la semaine dernière, je vous signalais que le Rasteau de la maison Ortas était en vente à 14$ au lieu de 15,95$. C'est du moins ce que le site internet de la SAQ indiquait. Malheureusement, cette offre ne tenait apparemment plus samedi, ce qui a déçu bien des lecteurs à en juger par ma boîte de courriels. Désolé, je voulais bien faire, mais il est grand le mystère des soldes à la SAQ...

MOINS DE 20$

Michel Jodoin, cidre léger rosé mousseux (Code SAQ: 733394) 18,75$

Restons dans le cidre, mais pas de glace. Un mousseux, plutôt. Bien fait, bien frais, d'une maison fiable. Au brunch avec des fruits, du fromage à pâte ferme et, pourquoi pas, une crêpe fromage et pomme.