On écrit beaucoup sur le vin...   Or, selon Andrew Jefford, chroniqueur vin et auteur (très respecté, soit dit en passant), d'origine anglaise mais qui vit en Australie, ce flot continuel d'articles et de livres est nécessaire à sa commercialisation.

Et, juge-t-il, c'est ce qui explique dans une très large mesure l'intérêt croissant qu'il suscite un peu partout dans le monde, et l'augmentation soutenue des ventes, même en Asie.

Car le vin est à ce point multiple, multiforme, complexe et si changeant, à cause notamment des millésimes qui se succèdent sans jamais vraiment se ressembler, qu'il appelle forcément le commentaire. Bref, sans tous ces écrits, le vin se vendrait beaucoup moins bien.

On pourrait ajouter (en forçant le trait) qu'il n'y a pas de chroniqueur... marmelade, le propre d'une marque de marmelade étant d'être immuable.

Le revers de la médaille, cette fois d'après le président d'une agence montréalaise: plus les consommateurs s'y connaissent, et moins est grande l'influence de chaque chroniqueur, soutient-il! Pourquoi?

Au départ, explique-t-il en substance, le consommateur qui ne connaît rien au vin ne connaît pas son goût.

Mais il finit par le connaître, par savoir ce qu'il aime, et il finit de la sorte par se reconnaître dans tel ou tel commentateur ou chroniqueur, et, résultat... il délaisse les autres. Paradoxe? Sophisme?

En toute honnêteté, je crois qu'il a raison. Et puis, n'observe-t-on pas le même phénomène dans tous les autres domaines (disques, littérature, cinéma, etc.) dont le propre, comme pour le vin, est de voir se succéder en permanence les produits?

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Les vins de la semaine

Minervois 2008 Esprit d'Automne Borie de Maurel, 15,85$ (875567), ***,$ 1/2, 2010-2013.

L'étiquette, fort originale, est à l'image des producteurs de ce vin, Sylvie et Michel Escande... Bien coloré sans être opaque, son bouquet est généreux, nuancé, la bouche dense, charnue, goûteuse, avec des saveurs de fruits noirs, du corps et des tannins aimables. Rien de très fin, mais très bon quand même. 40% Syrah, 30% Grenache et 30% Carignan, avec élevage en cuves. 13,5% (360 caisses).

Quincy 2009 Beaucharme Domaine Sylvain Bailly, 17,80$ (11154232), ***,$$, 2010-2013?

Beau vin blanc, de Sauvignon, de la Loire, non boisé, au bouquet net, typé, sans rien d'herbacé, d'une appellation moins connue que Sancerre et Pouilly-Fumé. Sec, non sans finesse, il laisse, dans l'après-goût, un arôme peu marqué d'asperge. Du niveau de certains Sancerres. Délicieux, et à prix correct. 13,5% (103 caisses).

Costières de Nîmes 2008 Les Galets Dorés Château Mourgues du Gres, 16,95$ (11095877), **1/2,$$, 2010-2012?

Autre vin blanc, du Rhône celui-là, non boisé, de Grenache, Roussanne et Malvoisie (ou Vermentino), au bouquet expressif, marqué par une note comme de conifères. En bouche, du tonus, des saveurs d'agrumes, le tout soutenu par la juste dose d'acidité. Fort bon. 13% (143 caisses).

Monterey 2009 Malvasia Birichino, 17,90$ (11073512), ** 1/2,$$, 2010.

Restons-en au blanc, pour l'instant. De Californie celui-là, et fait que de Malvoisie, non boisé, son bouquet est aromatique, assez proche du Muscat. Plutôt léger, sec, il fera un bon apéritif et accompagnera avec bonheur les mets d'inspiration asiatique. 12,5% (526 caisses).

Navarra 2005 Dignus Vina Magana, 18,05$ (864660), ***,$$, 2010-2014

Vin rouge espagnol, de Tempranillo et de Merlot, pourpre-prune et bien coloré, au bouquet de bonne ampleur, épicé (élevage en fûts de chêne français), et tout aussi satisfaisant en bouche. Relativement corsé, tannique, ferme, il est toutefois dépourvu de rugosité. Sérieux. 14% (155 caisses).

Rioja 2009 Muga Rosado, 15,30$ (11104690), **,$ 1/2, 2010.

Rosé plutôt léger, au bouquet discret, mais net, équilibré, et aux saveurs franches, on le boira soit en apéritif, soit à table avec un poisson, des fruits de mer, ou encore de la charcuterie. Comme cela arrive parfois, j'aurais sans doute pu le noter plus généreusement... 13,5% (1405 caisses).

Mercurey 1er cru Les Saumonts 2006 Domaine du Meix-Foulot, 33$ (10865243) ***,$$$ 1/2, 2010-2013?

Rouge clair, son bouquet est discret, retenu, marqué par des notes boisées qui se font plus insistantes avec l'aération. Tout au plus moyennement corsé, tannique sans qu'il le soit beaucoup, on le souhaiterait (bémol) un peu moins cher. 13% (63 caisses).

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La recommandation de la semaine

Alicante 2009 Laderes de El Sequé

Vin rouge espagnol, désormais bien connu sur notre marché, et qui... nous en donne beaucoup pour le prix! Fait surtout de Monastrell (ou Mourvèdre), plus 30% de Syrah et de Cabernet Sauvignon, puis élevé quelques mois en fûts de chêne français, son bouquet de fruits rouges est franc, net, quoique plutôt unidimensionnel. Nettement plus que moyennement corsé, il a donc du corps, de la chair et est légèrement tannique. Fort bon, et à prix doux. 14% (571 caisses).

12,75$ (10359201), **1/2,$ 1/2, 2010-2011.

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Vacances

Je prends, chères lectrices et chers lecteurs, quelques semaines de vacances pendant lesquelles cette chronique fera relâche.