Les producteurs de vin bordelais se souviendront davantage de l'année 2011 pour son climat atypique que pour la qualité de leurs vins.

Réunis à Bordeaux, les spécialistes s'entendent pour dire que les cuvées de blanc 2011 sont réussies, et les rouges, hétérogènes.

Près de 5000 professionnels du vin se trouvent cette semaine dans la région bordelaise pour déguster le millésime 2011. Et l'oenologue Denis Dubourdieu s'attend au pire de la part des critiques. Car selon lui, certains châteaux n'ont pas su s'adapter aux conditions climatiques. La qualité n'est donc pas toujours au rendez-vous.

Il rappelle que le printemps 2011 avait séduit les producteurs de vin de la région: la chaleur était exceptionnelle, six degrés au-dessus de la normale, et la floraison avait été précoce. Mais la météo du mois d'août a, par la suite, été décevante. Les températures ont chuté et la pluie s'est abattu sur le vignoble juste avant les vendanges. Les vignerons ont donc dû trier les raisins et sélectionner les meilleures parcelles pour élaborer leurs cuvées.  

L'expert compare les vins 2011 à ceux issus des récoltes 2002 et 2006.

«De mon point de vue, 2011 est bon, ajoute-t-il. Les blancs sont extraordinaires. On a tout dans les blancs secs: le fruit, la fraîcheur et l'acidité. Et on a tout dans les vins liquoreux. Il va falloir être plus sélectif pour les rouges.»

L'oenologue Stéphane Derenoncourt décrit quant à lui les vins de la dernière récolte comme étant difficiles et hétérogènes. Il croit cependant que certains rouges sont réussis. C'est le cas des vins produits sur des terres argileuses, car les vignes ont mieux résisté à la sécheresse du printemps.

«Il y a un net avantage à la rive droite, dit-il, à Pomerol, à St-Émilion, et même pour certains Pessac-Léognan. »

Il juge les blancs plus homogènes, car plusieurs châteaux ont vendangé avant la pluie.

En 2009 et 2010, les critiques avaient encensé les vins de Bordeaux. Leurs commentaires avaient fait exploser les prix. Denis Dubourdieu croit que les consommateurs profiteront d'une baisse de prix sur les cuvées 2011.