Fondé en 2007 par un groupe de Québécois, le Domaine Queylus, de l'Ontario, n'a pas fini de nous étonner. En raison notamment de la qualité de ses vins de Pinot noir...

Tout commença par l'achat, non pas d'un vignoble, mais d'un verger!, raconte son président et fondateur Gilles Chevalier. Suivirent l'arrachage des pommiers, puis l'analyse des sols, par le moyen de 33 carottes prélevées par le consultant bordelais Alain Sutre, lequel a travaillé, entre autres, précédemment à la création d'Osoyoos Larose, en Colombie-Britannique.

Puis, en fonction des sols (argiles, limons, etc.), on procéda au choix des cépages à planter. Soit quatre seulement, mais surtout du Pinot noir, plus du Cabernet franc, du Merlot et enfin du Chardonnay, qui furent plantés en 2008.

En incluant les neuf acres de vignes que Queylus exploite depuis 2012 grâce à une location à long terme (la parcelle, plantée de Pinot noir, était auparavant exploitée par le Clos Jordanne), le Domaine en compte aujourd'hui 22, soit neuf hectares. Ils couvrent trois appellations, mais, comme Queylus fait des assemblages qui en regroupent deux ou trois, le domaine ne peut les revendiquer.

Et les vins?

Ceux-ci sont élaborés par le Montréalais Thomas Bachelder, qui est également régisseur de la propriété depuis 2010 et le responsable exclusif des assemblages. «Ça regarde Thomas, personne d'autre n'intervient», souligne Gilles Chevalier.

Le premier millésime fut 2010, ce domaine ayant produit 50 000 bouteilles en 2013. «On devrait atteindre 72 000 ou 80 000 bouteilles quand les vignes seront matures», signale Gilles Chevalier.

Avec d'autres chroniqueurs, j'ai goûté récemment une douzaine de vins de Queylus, des millésimes 2010, 2011 et 2012.

Les plus étonnants, à mon avis, sont les vins de Pinot noir (voir ci-contre), dont Queylus élabore trois cuvées. Tradition, réserve et grande réserve.

Le style est épuré, élégant, et nuancé, particulièrement dans le cas des 2011 dont on jurerait qu'il s'agit de bourgognes. Rien de trop étonnant à cela quand on sait que Thomas Bachelder a sa propre société et vinifie plusieurs bourgognes rouges de l'autre côté de l'Atlantique...

Le sommet, mais épuisé: le Grande Réserve 2011, nuancé, soyeux, noté 17/20. Autre très belle réussite, leur Cabernet franc-Merlot 2011, genre bordeaux de facture classique, dont on attend 50 nouvelles caisses en mai. 17/20 également.

Chapeau, messieurs!

Pinot Noir 2012 Tradition Domaine Queylus 29,95$ (12470886)

Il faut lui laisser au moins un an de bouteille encore, le temps qu'il gagne en complexité. Pinot noir de corps moyen, d'une bonne concentration, tannique, quoique sans dureté aucune, il est encore tout d'un bloc, particulièrement sur le plan olfactif. Rien de gros, rien de confituré, il s'agit d'un vin équilibré. Élevage en pièces bourguignonnes (228 L), dont 30% de neuves. À attendre. 13,5% (17 caisses, et 105 de plus sous peu). Garde: 2016-2020.

15,8

Pinot Noir 2011 Réserve Domaine Queylus 47$ (12456494)

Bien typé noir, le bouquet est nuancé et a du charme. Vin moyennement corsé lui aussi, charnu, ses tannins ont une certaine fermeté, tout en étant dépourvus de rugosité. L'élevage, comme dans le cas du précédent, est conduit en pièces bourguignonnes pour environ 16 mois. C'est cher, bien sûr, sauf que... les 12 partenaires et actionnaires de Queylus, tous des particuliers, dont Champlain Charest, ont investi jusqu'ici quelque 5 millions de dollars dans l'affaire. Très beau vin. 13% (11 caisses, 25 de plus à venir). Garde: 2015-2019?

16,2

Blanc 2014 Domaine Saint-Jacques 16$ (11506120)

Vin blanc d'un vignoble du Québec, au sud de Montréal, fait de Seyval et de Vidal, non boisé, il est peu coloré, son bouquet, assez peu aromatique, se présentant avec toute la netteté souhaitable, une note discrète de pomme se manifestant avec l'aération. Vin léger, contenant un peu de sucre résiduel (imperceptible à la dégustation), ses saveurs sont franches, et il est équilibré, car le domaine ne fait pas faire à ce vin sa fermentation malolactique, ce qui en pareil cas entraîne une diminution de l'acidité. Fort bon. 12,5% (267 caisses). Garde: 2015-2016.

15

Rosé 2014 Domaine Saint-Jacques 16$ (11427544)

Rosé bien coloré, son bouquet de fruits rouges est expressif, net, dépourvu de toute espèce de notes rebutantes et bizarres comme cela arrive dans certains rosés québécois. Vin de corps moyen, ses saveurs ont la même netteté que le bouquet, et il est sec, ce rosé (comme le blanc), n'ayant pas fait sa fermentation malolactique. Fait de Lucy Kulhmann et de Maréchal Foch. Du niveau de nombreux rosés européens. 13% (425 caisses). Garde: 2015-2016.

15,2

Douro 2010 Maria Mansa Quinta do Noval 19,35$ (12288566)

Certains vins rouges secs du Douro (Portugal) sont plutôt... carrés, rudes, mais rien de tel pour ce qui est de ce vin. Sans être très complexe, le bouquet, de fruits rouges, est alléchant, et même flatteur, ce qu'on retrouve en bouche. Une bouche un peu plus que moyennement corsée, avec de l'éclat et aux tannins tendres, veloutés. Savoureux. 40% Touriga Franca, 30% Touriga Nacional et 30% Tinta Roriz, avec élevage pour 50% de la cuvée en cuves inox et pour 50% en fûts de chêne français. Savoureux. 13,5% (131 caisses). Garde: 2015-2018.

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