Au Québec, le vin fut longtemps une affaire d'hommes. Il y a une trentaine d'années, rares étaient les femmes, en effet, dont le nom était associé au vin.

Il y eut des pionnières, notamment Claire Plante-Lambin, aujourd'hui décédée, et qui était directrice du magazine La Barrique, aujourd'hui disparu.

Ou encore feue Françoise Kayler, qui fut surtout connue comme chroniqueuse gastronomique. Et qui, de mémoire, était la seule femme membre du fameux Club des 16, autant de gourmets qui se réunissaient régulièrement autour d'une bonne table et de bons vins.

Toujours active, Nicole Barrette-Ryan, éditrice et rédactrice en chef du magazine Vins et Vignobles, est à ranger elle aussi parmi les pionnières.

Beaucoup ont oublié Gillian Gayton, laquelle, encore au début des années 80, tenait la chronique vin dans le quotidien montréalais The Gazette.

Depuis, les choses ont changé du tout au tout, puisque les femmes actives dans le vin sont aujourd'hui nombreuses.

Sommelières, conseillères en vin, représentantes d'agence et journalistes - impossible de savoir combien elles sont à l'heure actuelle au Québec à travailler dans le domaine. Sans doute plusieurs dizaines, sinon une bonne cinquantaine ou même davantage.

Question que l'on peut se poser à leur sujet: constate-t-on des différences dans leur façon de déguster par rapport à leurs collègues masculins?

Il y a essentiellement, rappelons-le, deux façons de déguster.

Soit de manière analytique, c'est-à-dire en étudiant le vin pas à pas, sur (pour ainsi dire) toutes les coutures: couleur, bouquet, composantes et nature du bouquet, concentration et texture en bouche, etc.; soit de façon synthétique, en le jugeant (pour ainsi dire) en un clin d'oeil.

On me dira que je m'aventure en terrain glissant... Toujours est-il que je crois que les femmes et les hommes du vin dégustent - par exemple lors de dégustations réunissant bon nombre de vins - de la même manière. Analytiquement.

Et les femmes qui ne sont pas dans le domaine, mais qui connaissent le vin, synthétiquement. Sans avoir tout le vocabulaire des autres, tout en disposant d'un palais sûr. J'en ai un exemple convaincant sous les yeux, tous les jours, à table. Peu de mots, mais...

Petit Chablis 2013 Domaine d'Elise, 21,15$ (11094735)

Les meilleurs vins font saliver, dès... qu'on met le nez dans le verre. Tel est ce très joli chablis, non boisé, au bouquet délicat, net, typé. «Je salive», ai-je noté. Plutôt léger en bouche, ses saveurs sont tout aussi franches que le laisse présager le bouquet, avec en fin de bouche la juste dose d'acidité et une bonne persistance. Avec des huîtres, c'est le parfait bonheur. 12% (110 caisses). Garde: 2014-2016.

16,5

Rueda 2013 Verdejo Oro de Castilla, 17$ (11962862)

Vin blanc du nord-ouest de l'Espagne (Castille), de Verdejo, cépage qui a une certaine parenté aromatique avec le Sauvignon blanc, ce qu'on retrouve dans ce vin surtout en bouche. Non boisé, son bouquet, quoique plutôt simple, s'affiche avec un fruit de qualité, la bouche étant bien goûteuse, avec des saveurs relevées, qu'avive un reste de gaz carbonique. À noter que le moût de ce vin est soumis à une période de macération pelliculaire à froid, avec les peaux, avant la fermentation, d'où un surcroît de saveurs. Fort bon. 12,5% (95 caisses). Garde: 2014-2015.

15,8

Yecla 2012 Monastrell Hecula, 13,95$ (11676671)

Sans être très foncée, la couleur de ce vin rouge espagnol est soutenue, son bouquet, légèrement boisé, étant dominé par des arômes de fruits noirs. Ne manquant pas de corps, tannique, ferme, quoique dépourvu d'astringence, il offre une bonne persistance. Très bon (surtout à ce prix), sans que ce soit le plus distingué des vins. Élevage en cuves inox et en fûts de réemploi. Monastrell est le nom espagnol du Mourvèdre, comme on sait. 14% (644 caisses). Garde: 2014-2017.

16

Montsant 2012 Acustic, 24,10$ (11902077)

Autre vin blanc espagnol, du nord-est celui-là, il est élaboré avec quatre cépages différents, mais surtout du Grenache blanc (60%). Le bouquet est expressif, marqué par les odeurs de jute du Maccabeu (25%), la bouche, au boisé bien présent et à la fois correctement marié à l'ensemble, est grasse sur le plan de la texture, faisant penser à certains vins blancs de la Rioja. Macération pelliculaire à froid et fermentation en cuves inox (70%) et en fûts de chêne français (30%). Savoureux. 14% (80 caisses). Garde: 2014-2018?

16

Grignan-Les-Adhémar 2011 Domaine de Grangeneuve, 25,70$ (12268371)

L'appellation ne vous dit rien? ... Il s'agit en fait du nouveau nom des Coteaux du Tricastin (vallée du Rhône), changement qui a été fait en 2010 à la demande des viticulteurs. Très coloré sans être opaque, ce vin, de Syrah uniquement, déploie un bouquet ample, relevé par une note fumée, et bien Syrah. Dense, concentré, son boisé est passablement perceptible sans que ce soit exagéré, et ses tannins ont de la fermeté tout en étant dénués de rugosité. Élevage de 12 mois en fûts de réemploi. Très bon. 14% (179 caisses). Garde: 2014-2018.

16,8