Tout (ou presque) a été dit au sujet du millésime 2009 à Bordeaux, que les Bordelais, mais aussi de nombreux commentateurs, considèrent comme l'un des meilleurs des dernières décennies.

Or, plusieurs centaines d'amateurs  environ 600 en fait  ont pu, samedi 28 janvier, s'en faire une bonne idée à l'occasion d'une dégustation exceptionnelle d'une centaine de ces vins, au Palais des Congrès de Montréal.

En présence, dans bien des cas, des propriétaires de ces domaines, tous de l'Union des Grands crus de Bordeaux.

Faut-il le dire?

Il n'est pas aisé, dans une telle foule, au milieu du brouhaha, de goûter quantité de vins, les risques d'erreurs étant alors naturellement élevés. D'autant plus que le palais se fatigue, surtout pour ce qui est des vins rouges, à cause principalement de l'effet cumulatif des tannins.

Sur les 100 vins à déguster, j'en ai goûté pour ma part très exactement 38, soit 37 rouges et un blanc seulement. Après quoi, j'ai jeté l'éponge...

En bref: les vins sont très colorés, denses, serrés, riches en tannins, mais des tannins mûrs et de qualité, dépourvus de rugosité.

On est donc à un très haut niveau, avec quelques exceptions, c'est-à-dire des vins déparés (deux cas seulement) par des tannins un peu verts, m'a-t-il semblé.

La plupart de ces 2009 sont de facture classique, bien en chair, quoique sans concentration excessive, alors que certains, surtout des appellations Pomerol et Saint-Émilion, sont très concentrés, très extraits, ou comme on dit à Bordeaux... «parkerisés». En ce sens qu'ils correspondent au goût du critique de vin américain Robert Parker, qui aime les vins très riches.

Conclusion... provisoire, du moins en ce qui me concerne: le millésime est effectivement excellent, mais, à mon sens, les vins n'ont pas tout à fait la régularité, la similitude de style, si je puis dire, qu'avaient les 2005 et les 1982.

De nombreux vins qui étaient en dégustation furent vendus en primeur par la SAQ (alors qu'ils étaient encore en fûts). Et, parmi ces derniers, il en reste une trentaine, dont certains en quantité confidentielle cependant, tous devant être commercialisés fin 2012 ou début 2013 (d'où l'absence de code SAQ accompagnant les notes de dégustation ci-dessous).

Voici donc de courtes descriptions de ces vins dont il reste des bouteilles et que j'ai goûtés, sans indication sur le potentiel de garde que je n'ai pas tenté d'évaluer, mais qu'on peut évaluer aisément à une dizaine d'années au moins à partir d'aujourd'hui.

Quant aux prix, ils sont, bien sûr, salés!

Les bordeaux 2009 sont notés à la fois sur l'échelle de une à cinq étoiles et sur 100.

Pessac-Léognan 2009 Château Pape Clément, 210$, ****,$$$$$.

Le bouquet est élégant, et le vin très serré en bouche, relativement corsé, tout en finesse. D'une rare distinction. Grand bordeaux, l'un des meilleurs que j'aie goûtés ce jour-là. 91 sur 100 (140 bouteilles restantes).

Saint-Julien 2009 Château Branaire Ducru, 105$  (no 78),****,$$$$$.

Tendre, aimable, velouté... le charme fait vin. Excellent. 90 sur 100 (250 bouteilles).

Saint-Julien 2009 Château Léoville-Barton, 145$, ***1/2,$$$$$.

Dense, serré, corsé, tout en fruits noirs, avec des arômes un peu pâtisserie en fin de bouche (le bois). 89 sur 100 (110 bouteilles).

Saint-Julien 2009 Château Langoa-Barton, 95$, ***1/2,$$$$$.

Corsé lui aussi, dense, sérieux, un brin carré par rapport à d'autres. Très bon quand même. 89 sur 100 (200 bouteilles).

Haut-Médoc 2009 Château Belgrave, 39$, ***1/2,$$$$.

De corps moyen, souple, flatteur. 86 sur 100 (130 bouteilles).

Pauillac 2009 Château Pichon Baron, 209$, ***1/2,$$$$$.

Beaucoup de couleur, un beau bouquet épicé, une bouche charnue, équilibrée. C'était... le 35e vin goûté. 89 sur 100 (180 bouteilles).

Saint-Émilion Grand cru 2009 Château Troplong Mondot, 209$, ***1/2,$$$$$.

Quasi noir, très concentré, très dense, de style «parkerisé». On a le droit d'aimer... 89 sur 100 (250 bouteilles).

D'autres vins...

Haut-Médoc 2005 Château Maucamps, 31,75$ (10785112), ***1/2,$$$1/2, 2013-2017.

Très beau bordeaux rouge, d'un grand millésime, relativement corsé, aux beaux tannins serrés, mais pour l'instant fermé, tout d'une pièce, et qu'il vaut sans doute mieux attendre un an ou deux. 60% Cabernet Sauvignon, 35% Merlot et 5% Petit Verdot, avec élevage en fûts dont environ un tiers de neufs. 12,5% (163 caisses).

Saint-Joseph 2009 Les Challeys Delas, 25,75$ (10912417), ***1/2,$$$, 2012-2015.

Vin rouge de Syrah, du nord de la vallée du Rhône, sa couleur est soutenue, son bouquet, plutôt retenu pour l'instant, le caractère variétal (fruits noirs, olives noires) ressortant nettement mieux en agitant le verre. D'une bonne concentration, relativement corsé, ses tannins sont aimables. 30% de la cuvée est élevée en fûts. 13% (185 caisses)