«Le plus important dans le vin, c'est la dégustation. Le reste n'a pas beaucoup d'importance...»

Le mot, à mon avis très juste, est de Luc Bouchard, directeur-export pour divers marchés (États-Unis, Caraïbes, etc.), de la maison bourguignonne Bouchard Père&Fils.

C'était le samedi 26 novembre, à l'occasion de la 10e édition de Montréal Passion Vin (MPV), où, précisément, l'accent était mis, comme à l'habitude, sur la dégustation.

Pour sa part, Luc Bouchard y fit déguster six vins blancs de la Côte de Beaune  tous des grands crus  soit trois millésimes de Chevalier-Montrachet et trois millésimes de Corton-Charlemagne.

Ce fut, comme toujours, une... leçon de choses on ne peut plus marquante!

En bref: plutôt unidimensionnels pour l'instant, dominés par le bois, les jeunes millésimes étaient, pour ainsi dire, peu loquaces. Alors que le plus âgé, le Chevalier-Montrachet 1998, avait, lui, intégré, digéré son bois, comme on dit souvent, et se présentait donc avec une gamme aromatique (cire, miel, fruits confits, etc.) dont les autres étaient pour l'instant dépourvus.

Sur les deux jours que dura l'événement, sans nul doute l'un des plus extraordinaires qui soient, 54 vins furent dégustés, dont beaucoup de grands vins.

Cela commença, selon le rituel consacré, par la dégustation de six millésimes de la cuvée prestige, des Enchanteleurs, du champagne Henriot, que présenta son responsable de la commercialisation, Thomas Henriot.

Cela alla... du 1998 au 1964.

Le point d'orgue: le 1995, servi en magnums, très grand champagne d'une ampleur et d'une jeunesse éblouissantes, fait à parts égales de Chardonnay et de Pinot noir, et difficile à décrire, comme d'ailleurs tous les grands vins.

Après le repas du midi, au cours duquel furent dégustés quatre vins de la maison californienne Heitz Wine Cellars, dont le célèbre Martha's Vineyard, aux notes mentholées, suivaient quatre millésimes  huit vins en tout  des bordeaux Château Branaire-Ducru, d'appellation Saint-Julien, et La Mondotte, vin culte, très rare, de Saint-Émilion, produit avec surtout du Merlot et un peu de Cabernet franc sur une parcelle de 4,5 hectares.

Le contraste était frappant!

Car autant le Saint-Julien se distingue par son élégance, sa finesse, autant La Mondotte se démarque par son ampleur, sa concentration, le tout plus ou moins dans le style de ce vin de Merlot, de Toscane, qu'est le Masseto.

Mouton-Rothschild 2001

La maison Poderi Colla, du Piémont, brilla surtout, quant à elle (au repas du midi, samedi 26), grâce à son Barolo 2004 Bussia Dardi Le Rose, en vente en ce moment, puissant, très typé Nebbiolo (55$, code 10816775).

Puis, trois premiers grands crus classés du Bordelais, soit le Pauillac Château Mouton-Rothschild, le Pessac-Léognan Château Haut-Brion et le Saint-Émilion Château Cheval-Blanc, présentèrent chacun, côte à côte, un millésime de leur deuxième vin (de jeunes vignes) et un millésime de leur grand vin.

Mais... les opinions étaient très partagées quant à savoir lequel des trois vins suivants  Mouton-Rothschild 2001, Haut-Brion 1998 et Cheval-Blanc 2001  avait droit à la première place.

Pour ma part, et tout en admirant les deux autres, j'ai opté sans hésiter pour Mouton-Rothschild 2001, d'une grâce, d'une élégance de texture, d'un éclat du bouquet qui le hissent, à mon avis, tout au sommet de l'échelle.

Daniel Brunier, du domaine du Vieux-Télégraphe, à Châteauneuf-du-Pape, avait amené entre autres son blanc 1991, lequel, peut-être traumatisé par le voyage, se présentait avec un nez bizarre, genre vieux fût et donnant même l'impression d'être bouchonné. Quoique secoué par cette déconvenue, il eut le courage de le faire goûter quand même.

Deux de ses rouges (1998 et 1995) se présentaient avec des notes animales, alors que le 1989 s'imposait par sa complexité, tout en restant tannique.

Douze vins furent servis au banquet du samedi, auquel je n'ai pas assisté, tout en ayant goûté huit des 12 vins en question.

La palme parmi ces huit vins allait, à mon sens, à ce Côte-Rôtie mythique qu'est La Turque, dans le millésime 1999, d'une parfaite fraîcheur, plein d'éclat, et davantage fruits rouges que fruits noirs, m'a-t-il semblé.

Grâce à une contribution exceptionnelle de 2,5 millions de dollars du Montréalais Herbert Black, l'édition 2011 a engrangé un bénéfice net record de près de 3,5 millions, au profit du Centre d'excellence en thérapie cellulaire de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui ouvrira ses portes au printemps.

L'édition 2012 de Montréal Passion Vin aura lieu les 2 et 3 novembre, et on peut déjà s'y inscrire (www.montrealpassionvin.ca).

Quelques vins...

Côtes du Roussillon Villages 2009 Les Calcinaires Domaine Gauby,  24,30$ (11222186), ***1/2,$$ , 2011-2015.

Très beau rouge du Roussillon, fait surtout de Syrah (50%) et de Mourvèdre (25%). Violacé, très coloré, son bouquet est complexe (mûres, cerises noires, encre, etc.), plein d'éclat. Corsé, dense, ses saveurs ont l'éclat qu'annonce le bouquet, avec des tannins substantiels, fermes, quoique sans rugosité. 20% de la cuvée est élevé en fûts, le reste en cuves. 13,5% (69 caisses).

Midnight Cuvée 2004 Chardonnay Blue Pyrenees, 29,60$, 11564987, ***,$$$ , 2011-2015.

En style télégraphique: mousseux d'Australie, aux saveurs relevées, aussi réussi que certains champagnes, mais à prix nettement plus doux. 12,5% (42 caisses).