Vin rouge très particulier, souvent riche en alcool (jusqu'à 16%), l'Amarone della Valpolicella, de la Vénétie, est élaboré avec uniquement des raisins qu'on a laissés sécher sur des claies pendant environ 100 à 120 jours.

Cette dessiccation partielle («appassimento», en italien) leur fait perdre de 30 à 40% de leur poids, de sorte que le moût obtenu est d'une richesse exceptionnelle.

Les vins sont à l'image du moût. Très colorés, denses, avec aussi une onctuosité remarquable, ce qui est susceptible d'en faire de véritables velours liquides.

Aussi bien le dire: j'étais personnellement, jusqu'à un voyage récent en Italie, réfractaire à ces vins, peut-être à cause de l'image bien peu reluisante du Valpolicella lui-même, souvent insignifiant.

Or, après une dégustation on ne peut plus instructive de ces vins, chez un de ses plus importants producteurs - Masi, qui en élabore cinq cuvées différentes -, en Vénétie même, force m'est d'admettre que cette technique est en mesure de donner de magnifiques vins.

La dégustation réunissait 25 vins, des millésimes 1969, 1979, 1988, 1990, 2003 et 2006.

En bref: les plus vieux (1969 à 1990 inclus) se présentaient avec des arômes, genre pruneaux cuits bien présents, de vins évolués.

Pour ce qui est des 2003 et 2006, à mon avis nettement supérieurs aux plus vieux, un peu chocolatés pour certains, ils avaient le grand mérite de rester... jeunes, comme le montraient leurs arômes de fruits rouges.

Bref, et malgré ce qu'on dit sur leur potentiel de garde, ces vins me semblent nettement plus savoureux jeunes que plus vieux.

Trois cépages de la Vénétie entrent dans l'élaboration de l'Amarone (Corvina, Rondinella et Molinara), la réglementation autorisant 15% d'autres cépages - Cabernet Sauvignon, Syrah, etc.

Chose on ne peut plus curieuse et qui ajoute au gras de ces vins: normalement, si la dessiccation est lente, il se forme un peu de botrytis cinerea (la pourriture noble) sur les fruits de la Corvina, sans qu'on sache pourquoi.

Enfin, et pour prendre les choses autrement, on estime qu'il faut 3 kg de raisins frais pour faire, finalement, une bouteille d'Amarone.

Ces vins sont chers, jamais moins de 30 ou 40$ la bouteille, le procédé d'élaboration en étant manifestement la cause.

Finalement, ceux qu'on juge être les plus réussis proviennent de la zone Classico, qui réunit cinq villages au nord-ouest de l'appellation Valpolicella.

Amarone della Valpolicella Classico 2007 Fabiano, 42,50$ (10 769 307), ****,$$$$, 2011-2015

65% Corvina, 30% Rondinella et 5% Molinara s'associent pour donner ce superbe Amarone, très bien coloré sans qu'il soit opaque, au bouquet de bonne ampleur, réunissant fruits rouges et notes chocolatées discrètes. Charnu, dense, corsé, ses saveurs de fruits rouges sont bien perceptibles, ses tannins gras, avec aussi un côté légèrement sucré, très mûr, qui lui confère un attrait additionnel. 14,5% (344 caisses)

Amarone della Valpolicella Classico 2004 Campolongo di Torbe Masi, 92,50$ (548 677), ****,$$$$$, 2011-2012

Amarone quasi opaque, à boire... à la petite cuillère, au bouquet très large, se présentant avec des nuances à la fois de fruits rouges et, encore là, des notes chocolatées. Puissant, chaud sur la langue (l'alcool), bien qu'il ait la matière voulue pour faire face à son alcool, son après-goût persiste un long moment. Beaucoup de muscle, donc, si je puis dire. 16% (16 caisses).

Amarone della Valpolicella Classico 2007 Salvalai, 31,50$ (11 034 345), ***1/2,$$$1/2, 2011-2014

Quelque 350 caisses de ce vin attendent dans les entrepôts d'être habillées d'une nouvelle étiquette... Tout aussi richement coloré que les autres, son bouquet, ample, marqué par une note genre chocolat au lait, ou vanille, est toutefois pour l'instant peu expressif. Bien en chair, d'une bonne concentration, ses tannins sont à la fois serrés et bien enveloppés. À goûter pour s'initier à l'Amarone à un prix restant raisonnable. 14,5% (361 caisses, dont 11 en succursale)

Hunyady 2009 Tramini Kéthely, 13$ (11 200 526), ***1/2,$1/2, 2011-2014

Très beau vin blanc de Hongrie, de Gewurztraminer (Tramini, en hongrois), au séduisant bouquet de roses, nuancé, et sans excès aromatiques. Les saveurs sont relevées, complexes, l'ensemble d'un équilibre et d'une harmonie remarquables. «Sans doute dans les 22$», ai-je pensé. En apéritif, avec des mets de cuisine asiatique, ou même les fromages. Dommage qu'il y en ait si peu... 12,5% (53 caisses)

Amarone della Valpolicella Classico 2006 Costasera Masi, 39,75$ (317 057), ****,$$$$, 2011-2012.

D'une couleur pourpre-prune, avec une nuance grenat, et quasi opaque, ce magnifique vin s'impose dès l'abord par l'ampleur de son bouquet, plutôt unidimensionnel pour l'instant, qu'enjolive une note chocolatée. La bouche suit, puissante, dense, quoique sans lourdeur, avec des arômes bien présents de fruits rouges, et une bonne persistance aromatique, le tout sur des tannins à la fois substantiels et dépourvus de rugosité. Excellent. C'est l'Amarone d'entrée de gamme de Masi. 15% (583 caisses)

Les frais du voyage de dégustation de ce reportage ont été payés par un regroupement de producteurs.

Champagne Brut Nature Pinot Noir Drappier

Champagne non dosé (on n'y a pas ajouté de liqueur d'expédition - un mélange de vin et de sucre), au bouquet ne manquant pas de nuances (une note rancio, une autre de biscuit ou briochée, de pommes aussi), goûteux, relativement corsé comme champagne. Vin aux saveurs nettes, il pourra sembler un peu austère du fait qu'il est sec. En apéritif, mais aussi à table avec des mets tels que les poissons et les fruits de mer. Très bon, et à prix raisonnable. 12,5% (305 caisses)

45,25$ (11 127 234), ***,$$$$, 2011-2014.