«Le liège attaqué sur tous les fronts», titrait dans son numéro d'avril 2008 le magazine français Rayon Boissons, qui consacrait ce mois-là un long dossier à toutes les solutions de rechange possibles.  

Capsules à vis, bouchons synthétiques, agglomérés de particules de liège etc. le bouchon de liège traditionnel fait face désormais à une concurrence implacable. Selon des données recueillies par ce magazine spécialisé, le bouchon de liège standard, ou traditionnel, n'a plus en effet qu'un peu moins de 70% de part de marché, comparativement à environ 20% pour les bouchons synthétiques (en matière plastique et dans les 10% pour ce qui est de la fameuse capsule à vis, très populaire dans des pays tels que l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

La raison de ce renversement : on estime que 7 à 8% des bouteilles bouchées avec des bouchons de liège traditionnels sont plus ou moins affectées par... l'affreux goût de bouchon.

Soit que le vin pue, littéralement (en pareil cas, le miroir du bouchon, à savoir la partie qui a été en contact avec le vin, a lui-même une odeur très désagréable et annonciatrice de ce qui attend le dégustateur), soit que le bouquet ne soit pas net, comme on dit, sans que le vin soit fortement bouchonné.

Dans les deux cas, on retrouve en bouche les mêmes arômes, le vin rouge très bouchonné se présentant d'ordinaire, au surplus, avec des tannins asséchants, rugueux.

Autrement dit, le problème est énorme quand on sait que le secteur viticole mondial produit quelque «12 à 15 milliards» de bouteilles par an, dont près de 70%, donc, bouchées avec des bouchons de liège.

Certains marchés, le français notamment, manifestent d'énormes réticences vis-à-vis la capsule à vis (ou dévissable).

En France, comme l'a déjà dit avec humour je ne sais plus trop quel viticulteur, on n'imagine pas pouvoir déboucher une bonne bouteille «sans avoir à se péter une artère!»

Bref, on y aime le «pop» retentissant que fait entendre le bouchon de liège au débouchage!

Rien d'étonnant donc à ce que des entreprises françaises veuillent en rester au liège, tout en cherchant à protéger leurs bouchons contre la molécule responsable du goût de bouchon, à savoir le 2,4,6 Trichloroanisole, ou TCA.

Solution qui date d'environ quatre ou cinq ans et qui va dans ce sens : le bouchon Diam, fabriqué avec de la poudre ou farine de liège.

Le liège est broyé, mis en poudre, et selon un procédé breveté, avec du gaz carbonique sous pression, on le débarrasse de quelque 150 molécules différentes, dont, le cas échéant, le TCA.

Après quoi on façonne cette farine, avec des colles à usage alimentaire, en bouchons de différents niveaux de perméabilité.

«Ainsi, un Malbec, vin tannique et très structuré, sensible à la réduction (les arômes de croupi que peuvent prendre un vin en l'absence de tout oxygène), devra disposer d'un bouchage plus aéré qu'un Chardonnay ou un Sauvignon blanc où le bouchage se doit d'être plus étanche», m'expliquait dans un courriel Dominique Tourneix, directeur général de Oeneo Division Bouchage, le fabricant du Diam.

Rencontré lors de sa plus récente visite au Québec, en juin, Stéphane Lefebvre, le directeur général d'Andromède, société dont fait partie Oeneo Bouchage, affirme que ce procédé de purification du liège protège ainsi le Diam contre tout risque de goût de bouchon.

Vrai ou faux?

Toujours est-il que des maisons très connues au Québec telles que Hugel, d'Alsace, et les Établissements Jean-Pierre-Moueix, du Bordelais, ont opté pour le Diam, du moins pour les vins d'entrée de gamme dans le cas de Moueix.

Ainsi, il suffit de déboucher une bouteille d'Alsace Riesling de Hugel (42101, 17,80$ ou de son Alsace Gentil (367284, 16,80$), ou bien le simple Bordeaux fait de Merlot des Moueix (369405, 16,55$ ou encore son Pomerol (739623, 30,25$), pour voir à quoi ressemble ce bouchon.

Enfin, pour les grands vins des Établissements Jean-Pierre Moueix, dont les célébrissimes Pomerols Châteaux Pétrus et Trotanoy, on continue d'utiliser de longs bouchons de liège traditionnels de première qualité.

Pour ce qui est de la capsule à vis, dont le principal fabricant est Alcan, elle est également disponible en plusieurs niveaux de perméabilité.

Enfin, les bouchons synthétiques (certains de couleur sont fabriqués soit par injection dans des moules, soit sous formes de boudins (par extrusion

qui sont ensuite découpés, puis, dans certains cas, recouverts d'une enveloppe extérieure souple, signale Rayon Boissons.

La recommandation de la semaine

Impossible de bouder les vins du sud de la France, à moins d'être résolument masochiste ! Pour s'en convaincre une fois de plus, il faut déboucher une bouteille du Costières de Nîmes 2006 Château de Nages, de la vallée du Rhône, fait de Grenache (70 %) et de Syrah (30 %), non boisé, d'une couleur pourpre-prune bien Rhône, au bouquet de bonne amplitude, à dominante de petits fruits noirs, dans lequel on reconnaît la Syrah sans que ce soit cependant très manifeste. Relativement corsé, ne manquant pas de concentration, c'est là un vin tannique, ferme, un tantinet rustique, et qui vous en donne pour chacun de vos sous ! Savoureux (1608 caisses).

C, 427617, 14,50 ?, iii, $ 1/2, 2008-2010.