Déguster les mets les plus fins et goûter - avec modération! - d'excellents vins: c'est la recette du Piémont pour attirer chaque année plus d'un million et demi de touristes (dont la moitié d'étrangers) dans cette région du nord-ouest de l'Italie.«C'est sûr, nous avons de beaux paysages et une architecture intéressante, mais ça ne suffit pas pour attirer toute l'année des touristes, ils ne viendraient qu'en haute saison, tandis qu'avec la gastronomie, ils viennent toute l'année», constate Marco Ghione, le chef du restaurant du château de la Manta.Son restaurant aux couleurs chatoyantes est installé dans une des ailes du château, où tout est resté par ailleurs en l'état pour le plus grand bonheur des visiteurs: de splendides fresques ornent les salles d'apparat jusqu'aux cuisines, où sont encore exposés les ustensiles d'époque.«Nous revoyons tous les plats de la cuisine traditionnelle piémontaise tout en les adaptant aux exigences d'aujourd'hui: nous utilisons les produits de la région en les cuisant d'une façon plus légère», explique Marco.

Le menu du jour: lapin en gelée, asperges en collerette, croquette de viande avec sa fleur de courgette, gâteau au chocolat.Le résultat: une sorte de «nouvelle cuisine» à la piémontaise, tout en légèreté, à l'image des collines parsemées de bosquets vert tendre et de toits de tuiles rouges qui rythment la campagne alentour.Le tourisme oeno-gastronomique est un secteur en plein boom au Piémont, avec une hausse de plus de 10% prévue cette année. La durée des séjours est elle aussi en augmentation depuis plusieurs années.Une aubaine pour la région, car ce type de touriste dépense en moyenne 130 euros par jour, soit le double du visiteur classique.

Et ce chiffre monte jusqu'à 400 euros par jour si on prend en compte les achats de produits régionaux.Riches en grands crus, la région attire aussi grâce aux nombreuses caves ouvertes à la visite.«L'attraction touristique du Piémont est due avant tout à l'excellence de ses vins et de quelques crus importants comme le Barolo et le Barbaresco, qui ont contribué à la notoriété de notre région», explique Maria Elena Rossi, directrice générale du Tourisme Piémontais.«Le touriste qui vient ici est quelqu'un qui aime sortir des sentiers battus, à la recherche d'une atmosphère de charme liée à la tradition. II ne faut pas oublier que c'est dans le Piémont qu'est né le mouvement Slow Food», rappelle-t-elle. «Chambres d'hôte, hôtels de charme, gîtes ruraux: voilà le tourisme qui nous intéresse, pas le tourisme de masse».Slow Food, qui revendique 100.000 adhérents, est un mouvement international qui veut préserver la cuisine régionale de qualité.D'où viennent ces touristes haut de gamme? «La moitié sont européens, principalement d'Allemagne, d'Autriche, de Suisse et de France, mais ils viennent aussi des États-Unis et du Japon», indique Mme Rossi.

Une analyse confirmée par Robin Gheesling, une sommelière américaine spécialiste des voyages thématiques sur le vin: «Le Piémont, pour les Américains, est en train de prendre de l'importance, notamment après la Toscane, qui est arrivée à saturation».«Je pense que les Américains cherchent une autre région à découvrir, et vu que le Barolo est un des vins plus connus, c'est une région qu'ils ont envie de connaître», résume-t-elle.Une opportunité saisie au vol par les Caves Ceretto, qui produisent notamment du Barolo et ont construit un magnifique centre d'accueil au design futuriste au milieu de leurs vignobles pour accueillir au mieux leurs visiteurs (www.ceretto.com).Dernier projet en date du Piémont: la candidature de la région viticole des Langhe au patrimoine culturel de l'Humanité de l'Unesco.