Les vins blancs de Nouvelle-Zélande, qui avaient conquis les papilles de la planète, ont ensuite traversé une crise due à la surproduction.

Aujourd'hui, ces viticulteurs du Nouveau Monde commencent à voir le bout du tunnel.

«Tout cela a été traumatisant. Si nous devons tous finalement survivre alors nous devons travailler ensemble», confie Jane Hunter, en contemplant avec mélancolie son exploitation dans la magnifique région viticole du Marlborough.

«L'histoire du vin en Nouvelle-Zélande a toujours été une belle histoire», explique-t-elle, soulignant la réputation de qualité du pays, qui lui permettait de fixer des prix auxquels seuls des producteurs du Nouveau Monde comme l'Australie et l'Afrique du Sud pouvaient prétendre.

Nichée à l'extrême nord de l'île du sud de la Nouvelle-Zélande, le Marlborough semblait béni des dieux, quand les sauvignons blancs, vifs et acides, devenaient une référence dans le monde entier.

Longtemps dédiée à l'élevage de moutons, cette région, au climat sec et frais, a attiré à la fin des années 1970 des viticulteurs audacieux, qui ont métamorphosé rapidement le paysage, où les prairies se sont effacées au profit d'interminables rangs de vignes.

De 2000 à 2010, la surface des terres viticoles a triplé, sous l'effet d'une soif, qui semblait inextinguible, pour les vins blancs néo-zélandais.

Sans surprise, la bulle a éclaté. Des récoltes exceptionnelles en 2008 et 2009 ont généré une surproduction de raisin, dont le cours a chuté de 40% en deux ans.

«On a un peu trop planté, trop anticipé et là, il y a eu une correction», analyse Anna Flowerdale, propriétaire des réputés vignobles Te Whare Ra.

«C'est dommage parce qu'il y a eu de bons producteurs, qui ont dû mettre la clé sous la porte. L'agriculture est une activité cyclique, on commence à voir des signes d'espoir».

Elle explique que des viticulteurs, craignant de tout perdre, ont bradé leur récolte, inondant les marchés étrangers de «vin en vrac», inférieur en qualité.

En 2010, le vin en vrac représentait 28% des exportations de vin de Nouvelle-Zélande, contre 9% deux ans plus tôt.

Sur les étals des grands magasins sont ainsi apparues des bouteilles au label générique de "Sauvignon blanc", à prix cassé.

Décrivant un vin en vrac de Nouvelle-Zélande, une chroniqueuse britannique, Victoria Moore, avait eu ces mots cruels: «Il a le goût délavé et amidonné d'une tranche de pomme de terre crue».

Pour Jane Hunter, ce verdict a été dur à entendre, alors qu'elle a consacré des années à positionner la Nouvelle-Zélande comme un producteur de grande qualité de sauvignon blanc.

En 1986, son mari Ernie, décédé depuis, a remporté la première récompense internationale décernée à un vin néo-zélandais, avec un sauvignon blanc, distingué lors du Sunday Times Vintage Festival de Grande-Bretagne.

Stuart Smith, président du groupement des viticulteurs, a indiqué que le rapport 2010, publié en début d'année, annonçait deux années de consolidation, avec une absolue nécessité de se concentrer sur la réputation des crus et pas sur l'augmentation de capacité des exploitations.

Petit à petit, l'industrie viticole néo-zélandaise semble devoir sortir de la crise, mais l'âge d'or est bel et bien révolu.