Les vignerons du Chili sont déçus. La vendange terminée, l'heure est maintenant au constat et les rendements obtenus sont de 20% en dessous de leurs espérances. Une deuxième saison difficile après celle de 2010 qui avait été chamboulée par le tremblement de terre de février.

«La récolte a été moindre que l'on s'attendait, expose Michel Couttolenc, directeur commercial pour l'Amérique du Nord pour les maisons Errazuriz, Arboleda et Caliterra. Le froid et les variations de température ont fait baisser la production.»

Les rendements des ceps de cabernet sauvignon et de chardonnay ont été particulièrement insatisfaisants.

Rappelons que le Chili est le 5e pays exportateur de vin au monde après l'Italie, l'Espagne, la France et l'Australie. Sa production de vin a presque doublé depuis le début des années 2000, passant de 642 millions de litres de vin à plus d'un milliard en 2009.

Mais ce n'est pas le plus inquiétant selon M. Couttolenc. «Il y a deux situations qui sont en train de nous mettre beaucoup de pression, dit-il. C'est d'un côté le dollar américain qui est faible et de l'autre côté, il y a un manque de raisins.»

Les fortunes des producteurs de vin chiliens fluctuent au rythme du billet vert, puisque le prix des vins se négocie en dollars américains. Cette monnaie est de moins en moins avantageuse pour les vignerons. En 2009, la valeur des exportations de vins chiliens a chuté de 2%, une première en dix ans. Et la situation n'est guère plus reluisante aujourd'hui.

«L'année dernière, on recevait 540 pesos par dollar, dit M. Couttolenc. Maintenant, on est à 460 pesos.»

Mais tout n'est pas perdu pour les amateurs de vin de cette région affirme Patrick Piuze. Cet oenologue québécois installé en Bourgogne travaille pour la maison chilienne Agustinos. Selon lui, si la production 2011 est plus faible, elle s'avère prometteuse.

«Cette année nous n'avons eu besoin d'ajouter ni sucre, ni acide comme ça se fait dans les pays du Nouveau Monde. Il y avait à la base un bel équilibre naturel», constate celui qui retourne au Chili cette semaine. «Je vais aller goûter en fin de fermentation, dit-il. On verra bien ce que ça donne!»