Un brasseur bavarois a été contraint cette semaine de retirer du commerce une bière baptisée «clôture frontalière», accusée d'utiliser des symboles nazis pour critiquer l'afflux massif de réfugiés en Allemagne.

La brasserie Roehrl, basée à Straubing, au nord-est de Munich (sud), s'est excusée d'avoir «choqué», rejetant toute accointance avec l'extrême droite.

L'étiquette du breuvage proclame également que «la patrie a besoin de bière», alors que l'étiquette arrière mentionne les mots «Protéger», «Préserver», «Défendre», «Discipline», «Loyauté» ou encore «Sincérité».

Dans le contexte migratoire actuel, le nom de la bière - «Clôture frontalière» - évoque les barrières érigées par plusieurs pays européens, à l'image de la Hongrie, pour se protéger du flux de demandeurs d'asile.

Il renvoie également aux demandes répétées des conservateurs bavarois de fermer les frontières allemandes, alors que la Bavière, frontalière de l'Autriche, était en première ligne pour la prise en charge des candidats à l'asile empruntant la route des Balkans. Au total, l'Allemagne a accueilli plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015.

La capsule de la bouteille est frappée d'une tête de mort, pouvant là aussi rappeler certaines unités SS dont un crâne humain était le symbole.

Des étudiants d'une université locale ont appelé à boycotter le breuvage, qualifié dans les réseaux sociaux de «bière nazie».

Ils ont pointé le prix de la bouteille, 0,88 euro, arguant qu'il évoquait le nombre «88» utilisé comme code dans les milieux néo-nazis pour désigner le salut hitlérien, H étant la 8e lettre de l'alphabet et «HH» signifiant «Heil Hitler». La date de péremption, le 9 novembre, renvoie également à celle du gigantesque pogrom de la Nuit de Cristal, perpétré le 9 novembre 1938 par les nazis.

Pure coïncidence, soutient le brasseur, selon lequel le prix de la bière change avec les taxes de vente et la date est calculée par ordinateur.

«Nous n'avons absolument rien à voir avec les extrémistes de droite», a insisté auprès de l'agence DPA le patron de Roehrl, Frank Sillner.

Selon lui, l'idée de cette bière a surgi lors de discussions il y a quelques mois, en pleine crise des réfugiés.

«Nous avons voulu insister sur les traditions bavaroises bonnes et positives», rappeler que, «malgré toute notre volonté d'aider», il ne fallait «pas oublier ce qui rend notre Bavière belle et bonne», a souligné M. Sillner auprès de la radio régionale publique BR.