Alors que les premières microbrasseries ont investi les centres des grandes villes québécoises au milieu des années 80, une seconde vague de brasseries artisanales déferle maintenant dans des arrondissements plus improbables, contribuant ainsi à créer une intéressante vie de quartier. Nous avons visité les plus récents exemples à Montréal.

L'espace public - Brasseurs de quartier, Hochelaga

Désireux de s'enraciner dans Hochelaga, «très village et tissé serré», quatre amis ont créé L'espace public en janvier 2012.

Depuis son ouverture, le «premier bar post-tavernes» de la rue Ontario s'implique dans des événements hyper locaux: participation à la Grande vente trottoir ce week-end, bières offertes aux participants de La grande corvée, soirées électorales animées.

La clientèle, composée à 80 % de gens du quartier, apprécie cet endroit chaleureux, incontournable. «Les clients ont une bonne bière à bon prix avec une bonne ambiance. C'est leur deuxième salon», croit Pierre Lessard-Blais, copropriétaire.

Les bières d'influences anglaise et américaine sans prétention séduisent une faune bigarrée ouverte d'esprit qui ne craint pas les nouveautés. Et qui revient encore et encore.

3632, rue Ontario Est, lespacepublic.ca



Benelux, Verdun

Verdun, ville sèche depuis 1875, attendait impatiemment un miracle. Il est arrivé en juin 2013 lorsque le Benelux, seconde mouture, a ouvert ses portes.

«Au moins 90 % de la clientèle vient du quartier. Les gens retournent à la maison et viennent ensuite prendre une bière», observe Benoit Mercier, brasseur et copropriétaire de l'établissement.

Pour attirer le voisinage, les activités sont nombreuses: soirées tacos le mardi, méchouis dans la cour chaque mois, dimanches biergarten mettant en vedette des bières faiblement alcoolisées.

D'ailleurs, sur son ardoise, le Benelux Verdun affiche majoritairement des bières de session (faciles à boire) moins houblonnées et moins fortes que celles de la rue Sherbrooke. Plus facile, ainsi, de rentrer à la maison à pied ou en vélo.

4026, rue Wellington, brasseriebenelux.com/wellington



PHOTO KATYA KONIOUKHOVA, FOURNIE PAR BENELUX

Station Ho.st, Centre-Sud

Sept ans après avoir fondé la brasserie Hopfenstark à L'Assomption, le brasseur-copropriétaire Frédéric Cormier souhaitait se doter d'une antenne montréalaise.

Station Ho.st est donc née en août 2013, juste à l'écart du Quartier latin. Depuis, l'établissement tout de bois vêtu - avec deux salles distinctes et terrasse à l'avant - attire les employés de Radio-Canada et du CHUM.

Ainsi qu'une clientèle artistique - majoritairement féminine - qui fréquente les voisins: l'Usine C, Le lion d'or et le Prospero.

«Cette vie de quartier avec les autres commerces, c'est vraiment agréable. Les bâtiments délabrés disparaissent pour faire place à des endroits intéressants», mentionne Frédéric Cormier.

Celui-ci sert d'ailleurs les charcuteries de La réserve du comptoir, tout près, avec ses célèbres Helles, Postcolonial IPA et Ostalgia blonde.

1494, rue Ontario Est, stationhost.ca



PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, archives LA PRESSE

Brasserie Harricana, Mile-Ex

Marie-Pier Veilleux habitait le Mile-Ex depuis 10 ans lorsqu'elle a eu l'envie de recréer la défunte brasserie Harricana d'Amos ayant appartenu à ses parents.

Le secteur Marconi-Alexandra, en plein développement, représentait l'endroit idéal avec ses boîtes de multimédia, architectes et studios d'enregistrement.

Mais les services manquaient pour desservir cette clientèle de quartier «mature et éclaté» majoritairement constituée de jeunes professionnels et de gens plus âgés qui s'initient à la bière.

Le mot d'ordre: «fancy et simple en même temps». Ce qui se répercute dans le décor rétro, les bières traditionnelles ou plus gastronomiques (dont une future collaboration avec Café union, juste en face) et les plats qui font la part belle aux classiques de la belle époque.

96, rue Jean-Talon Ouest, brasserieharricana.com



PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Brasserie Harricana

Broue pub Brouhaha, Ahuntsic

Après le succès retentissant du premier Broue pub Brouhaha, les cinq associés ont eu un coup de foudre pour l'ancienne taverne Le tonneau d'or. Qui deviendra vraisemblablement un second temple du hockey.

Lors de l'ouverture à la mi-mai, le bar était rempli d'amateurs de bières de microbrasseries (24 fûts) et de poutiflette (entre poutine et tartiflette) venus assister au dernier match du Canadien.

Visiblement, la Promenade Fleury, effervescente et vivante, n'avait pas encore sa destination bière. «C'était une zone grise à Montréal. Entre l'EtOH et le Balthazar de Laval, il n'y avait rien», mentionne Daniel Essiambre, l'un des proprios.

Déjà soucieux de participer à la vie culturelle du quartier, le Brouhaha présentera des spectacles dans le cadre du FestiBlues.

10 295, rue Papineau, brouepubbrouhaha.com



PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Les cinq associés Sylfranc Côté, Annie Auger, Marc Bélanger, Dominic Labrosse et Daniel Essiambre ont racheté l'ancienne taverne Le tonneau d'or pour y établir le second Broue pur Brouhaha, dans le quartier d'Ahuntsic.

La Souche, Limoilou (Québec)

Située à un jet du cégep Limoilou, la brasserie artisanale La Souche attire majoritairement les habitants du coin depuis son ouverture en février 2012.

Même si la salle de brassage s'y fait minuscule, les trois propriétaires, fiers Limoulois, offrent 12 bières d'inspiration belge, anglaise, américaine et allemande sur les pompes. Dont plusieurs arborent des noms reliés au quartier (Stadacona, Canardière, Parkeville).

Joliment aménagé, le local met en valeur d'originales tables rondes faites à partir de souches d'arbres (d'où le nom).

Bien ancrée au sein de sa communauté qualifiée de «vivante et artistique», La souche favorise l'achat local, bio et écoresponsable et concocte même des brassins collaboratifs avec Griendel, sa future «compétitrice» dans Saint-Sauveur.

801, chemin de la Canardière, Québec, lasouche.ca



PHOTO PASCAL RATTHÉ, LA PRESSE

La souche

Noctem artisans brasseurs, Saint-Roch (Québec)

Saint-Roch comptait déjà deux microbrasseries, La korrigane et La barberie. Rien pour décourager cinq ambitieux jeunes hommes qui ouvriront dans quelques semaines Noctem artisans brasseurs. L'emplacement a tout pour séduire : l'église Saint-Roch juste à côté, la rue du Parvis qui devient piétonne l'été, le parc de l'autre côté de la rue. Bref, un quartier dynamique et animé avec les Ubisoft, ENAP, Beenox, Frima et une population qui leur ressemble. Et les projets ne manquent pas : bières inspirées des brewpubs américains, importation de bières en fûts, projet de vieillissement de bières en barriques, fumoir pour les viandes et légumes, chefs invités, sodas maison. « Les gens sont prêts pour ce qui est bon », affirme Vincent Fortier, l'un des associés.

438, rue du Parvis, Québec, noctem.ca



PHOTO PASCAL RATTHÉ, LA PRESSE

Jean-Philip Paradis, Brian Pierce, Vincent Fortier,Yann Gravel et Jean-Michaël Noël, les cinq associés de Noctem artisans brasseurs, prennent la pose devant l'église Saint-Roch située à deux pas de leur future microbrasserie.

Griendel, Saint-Sauveur (Québec)

Avantageusement situé à côté de l'excellent restaurant Le Bouchon du pied bleu, dans un ancien secteur ouvrier en pleine renaissance, la microbrasserie Griendel ouvrira ses portes d'ici quelques semaines.

Le projet, piloté par quatre amis, s'installera dans les anciens locaux de l'Union commerciale. La façade sera entièrement vitrée, de manière à reluquer le brasseur au travail.

Pas de limites, ici, côté styles. «Nous voulons offrir des bières agréables à boire», mentionne Alexandre Gaumond, membre du quatuor.

Le menu proposera tapas et assiettes à partager, en accord avec les brassins. Des brunchs agrémentés de bière sont aussi au programme.

Une campagne de financement participatif est en cours par l'entremise du site La Ruche qui vise à dynamiser l'économie locale.

195, rue Saint-Vallier Ouest, Québec, facebook.com/Brasserie.artisanale.griendel



PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Martin Parrot, Olivier Savary, Alexandre Gaumond et Vincent Lamontagne posent sur le toit de l'Union commerciale, une ancienne salle de spectacles qui accueillera leur future microbrasserie Griendel à l'été.

Siboire, Cité du parc (Sherbrooke)

Fort d'un succès phénoménal au centre-ville de Sherbrooke, le second Siboire s'est établi en août 2014 au coeur du nouveau quartier des affaires et à quelques minutes du quartier universitaire.

Si les bières demeurent sensiblement les mêmes, l'offre culinaire s'est raffinée avec une carte proposant pizzas et pâtes.

Les jeunes professionnels «qui ont grandi avec le Siboire» et les étudiants adorent le «dépanneur» où il est possible de faire remplir son cruchon de bière.

La bière du Siboire est si populaire qu'elle sera offerte au parc Jacques-Cartier pour les festivités de la Fête nationale le 23 juin. «Juste nous, aucun grand brasseur!», mentionne fièrement Jonathan Gaudreault, l'un des copropriétaires. Un très bon coup.

40, boulevard Jacques-Cartier Sud, Sherbrooke, siboire.ca/fr/jacques-cartier



PHOTO MICHEL CARON, FOURNIE PAR LE SIBOIRE

Le second Siboire

Gainsbourg bistro-brasserie, Vieux-Hull (Gatineau)

La place Aubry, sympathique plaza piétonnière, est le repaire des fonctionnaires de la Promenade du Portage en quête d'un dîner rapide ou d'un 5 à 7 animé. Mais aussi des étudiants qui en ont fait un lieu de célébration.

C'est «au coeur émotif du Vieux-Hull» que Gainsbourg bistro-brasserie s'est établi en mars 2013. Dans un décor enjolivé par un vieux piano et un rideau de scène rouge, on propose une dizaine de bières mettant en valeur différentes variétés de houblon. Elles sont également distribuées en fût chez le voisin d'en arrière, le café Aux 4 jeudis.

Impliqué dans sa communauté, le Gainsbourg participe à divers événements pour revitaliser le Vieux-Hull, comme le Marché puces et trouvailles et l'Oktoberfest.

9, rue Aubry, Gatineau, gainsbourg.ca

PHOTO FOURNIE PAR GAINSBOURG BISTRO BRASSERIE

Gainsbourg bistro-brasserie