Le brasseur géant SABMiller a annoncé vendredi l'achat d'un producteur londonien de bière artisanale, Meantime, illustrant l'intérêt des grands de la petite mousse pour ce secteur en pleine effervescence au Royaume-Uni.

«Meantime est un pionnier de la bière artisanale moderne au Royaume-Uni, ce qui donne à SABMiller un point d'entrée dans ce segment qui connaît la plus forte croissance au sein du marché de la bière britannique», a expliqué SABMiller, le propriétaire de grands noms internationaux de la bière comme Pilsner Urquell, Peroni, Miller et Grolsch.

En achetant cette firme fondée il y a une quinzaine d'années dans le quartier londonien de Greenwich, SABMiller met la main sur plusieurs marques de bières assez cotées chez les Londoniens, comme la London Pale Ale ou la Yakima Red, servies en bouteille comme en pression. Il devient aussi propriétaire de sa brasserie et de ses quelques pubs.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole de SABMiller n'a souhaité fournir aucune information financière sur la transaction. Une source proche du dossier a néanmoins souligné que le montant était «nettement inférieur» à la valeur récemment affichée par un autre fabricant britannique de bière artisanale, l'écossais Brewdog, qui vient de se valoriser à quelque 300 millions de livres via une émission d'actions.

Cette transaction met en évidence le succès grandissant des bières artisanales au Royaume-Uni, qui profitent de l'envie des consommateurs d'apprécier des boissons de caractère, quitte à payer davantage que pour les bières de grande consommation.

Le volume de bière vendu par Meantime a bondi de 58 % en 2014, contre seulement 1 % de croissance pour l'ensemble du marché britannique de la bière.

Spiros Malandrakis, un expert du secteur chez Euromonitor, a souligné que les grands groupes mondiaux du secteur n'avaient que «trois options pour échapper à la spirale du déclin engendrée par la maturité et la saturation du marché».

«La première consiste à se diversifier au-delà de l'activité principale [boissons prêtes à boire à base de malt, cidres, panachés], la seconde est l'expansion géographique, bien qu'elle ne puisse être considérée comme la panacée», a-t-il expliqué à l'AFP, évoquant quelques déceptions subies par les fabricants dans les pays émergents, comme en Chine et en Russie.

«La décision de SABMiller représente la troisième possibilité: acheter des fabricants de bière artisanale en plein boom pour tirer le maximum de leur élan», a-t-il conclu.