Brasseurs et pubs britanniques espèrent bien profiter des jeux Olympiques pour écouler des hectolitres supplémentaires de bière et ainsi enrayer, au moins le temps d'un été, le lent déclin du marché.

Le brasseur SABMiller se réjouit d'un «bon été» en perspective. «Nous nous attendons à un impact positif sur les ventes», affirme le propriétaire des marques Peroni, Grolsch ou encore Pilsner Urquell, à l'instar de ses concurrents, comme le numéro un mondial, AB Inbev.

Le groupe néerlandais Heineken s'est pour sa part assuré le rôle de commanditaire officiel des JO de Londres, afin de profiter de l'exposition offerte par l'événement.

«Il n'existe aucun événement plus important, d'envergure plus mondiale ou plus spectaculaire que les Jeux olympiques», rappelle le directeur d'Heineken UK, Stefan Orlowski.

Le groupe sera ainsi le seul autorisé à vendre de la bière dans l'enceinte des Jeux - au prix, jugé prohibitif par la presse britannique, de 4,20 livres (6,74 $) la petite bouteille de 33 cl.

Mais c'est l'ensemble des 50 000 pubs du pays qui espèrent tirer profit de l'événement, alors que les manifestations sportives, retransmises sur les écrans des bars, ont habituellement un effet positif sur la consommation de bière.

«Les pubs représentent la quintessence de la culture britannique pour les touristes», explique Jon Howard, porte-parole de l'association CAMRA, qui promeut la «ale», la bière traditionnelle britannique.

«Nous prévoyons donc que les jeux Olympiques vont bénéficier directement aux pubs locaux, avec une augmentation significative de l'activité liée au tourisme durant cette période», ajoute-t-il.

Ce coup de pouce sera le bienvenu, alors que le secteur traverse actuellement une grave crise: une quinzaine de pubs ferment chaque semaine en Grande-Bretagne.

Inexorable déclin

La profession se dit étranglée par les taxes et la concurrence des supermarchés, qui rivalisent de promotions sur les packs de bière. Les consommateurs, frappés par l'austérité, le chômage et la récession limitent pour leur part les sorties.

L'euphorie des jeux une fois passée, le marché de la bière au Royaume-Uni risque fort de poursuivre son inexorable déclin, entamé il y a une décennie.

«Il y aura un effet positif, c'est indéniable, mais cela ne va pas renverser la tendance de long terme», souligne ainsi Spiros Malandrakis, analyste spécialisé du cabinet Euromonitor.

Les jeux Olympiques d'Athènes en 2004 ou encore la Coupe du monde de football en Afrique du Sud en 2010 s'étaient ainsi traduits par une hausse momentanée de la consommation dans les pays organisateurs. Mais la tendance était ensuite rapidement retournée à la normale, sans impact durable sur les volumes.

«Les problèmes économiques s'avèrent bien plus importants qu'un événement sportif de trois semaines» pour le marché du Royaume-Uni, actuellement en récession, assure M. Malandrakis.