Les connaisseurs de bières ont sûrement déjà entendu parler de Kirin, Asahi, Sapporo et Suntory, mais ces bières nippones sont loin d'être servies partout.

Face à la contraction de leur marché domestique, les quatre principaux brasseurs du Japon en sont arrivés à la conclusion qu'ils devaient se tourner vers l'international s'ils voulaient concurrencer les Heineken, Carlsberg et autres Budweiser.

Alors qu'Asahi est le plus grand brasseur japonais, il ne possède que 2% du marché mondial, pendant qu'Anheuser Busch (Budweiser) détient 20% de parts de marché.

Asahi essaie d'acquérir Independent Liquor, un distributeur et fabricant de bières et de spiritueux de Nouvelle-Zélande, bien implanté en Océanie et dans le Pacifique. Suntory Holdings, le troisième brasseur du Japon, s'intéresse aussi à l'entreprise néo-zélandaise, pour les mêmes raisons.

Les livraisons locales de bières et de bières réduites en malt -- moins chères car elles bénéficient de taxes gouvernementales réduites -- ont perdu 2,8% par comparaison avec l'année précédente. Les 459,17 millions de caisses de bières enregistrées cette année sont à leur niveau le plus bas, et ce pour la sixième année consécutive.

Les analystes de marché expliquent ces chiffres par la baisse graduelle de la consommation de bière au Japon, où la population vieillit et où la demande parmi les jeunes consommateurs décroît. Ces derniers n'ont pas autant les moyens de sortir et de consommer que leurs aînés, et le choix de boissons alcoolisées qui leur est offert est bien plus vaste.

Les brasseurs ont repéré ces tendances depuis plusieurs années et s'intéressent donc au marché chinois en pleine expansion. C'est le premier marché de la bière au monde depuis 2003. Les bières nippones n'ont cependant pas réussi à s'imposer en Chine, du fait de leur prix plutôt élevé et de la rude concurrence des brasseries gérées par l'État chinois.

L'Océanie dispose d'un marché moindre, mais stable et prêt à l'introduction de nouvelles marques. C'est du moins ce que pensent les brasseurs japonais. Autre avantage: cette région a été relativement négligée par les grandes marques internationales du fait de son isolement géographique.

En pénétrant ce marché, les fabricants de bières japonaises pourraient se positionner en Asie du sud-est ainsi que sur quelques marchés sud-américains.

Les brasseurs nippons espèrent ainsi déclencher une réaction en chaîne au terme de laquelle, d'ici peu, on commandera une Kirin à Londres, New York ou Le Cap, plutôt qu'un alcool local.