L'industrie du cidre s'inspire de celle de la bière. La boisson à base de pommes se vend désormais en bouteilles de petit format et même en canettes. Une nouvelle approche qui fonctionne, puisque les ventes de cidres prêts à boire ont grimpé de 60 % l'été dernier à la Société des alcools du Québec (SAQ).

Lorsque Michel Jodoin a commercialisé ses premiers cidres dans des bouteilles de 330 ml, le même format qu'une bière, en 1994, l'initiative n'a pas fonctionné.

«J'étais un peu fou, se souvient M. Jodoin, président des Cidriculteurs artisans du Québec. Personne n'en voulait.»

L'homme d'affaires a persisté et, il y a cinq ans, tout a basculé. La demande pour le cidre prêt à boire a monté en flèche. Si bien que ces produits représentent maintenant 37 % de son chiffre d'affaires.

François Pouliot, de la Face cachée de la pomme, avait aussi remarqué l'engouement pour le cidre prêt à boire. Il avait proposé à la SAQ en 2009 un cidre pétillant vendu en canettes. L'idée n'avait pas suscité d'intérêt à l'époque.

La société d'État a changé d'avis. Huit cidres prêts à boire ont été ajoutés dans ses rayons au cours de la dernière année, dont celui de la Face cachée de la pomme. Le «Smac!» a été mis en vente au mois d'août et il fait fureur. François Pouliot en a vendu 94 000 canettes en cinq mois.

«On a de la difficulté à fournir et le vrai lancement n'a même pas encore eu lieu. C'est un phénomène.»

La cidrerie du Minot, installée près de la frontière américaine, profite elle aussi de la tendance. Ses cidres prêts à boire représentent 50 % de son chiffre d'affaires. Mais ce n'est pas à la SAQ qu'elle écoule la majorité de ses bouteilles. C'est plutôt en épicerie.

«On vend notre Mystique depuis 15 ans en épicerie, résume Alan Demoy, de la cidrerie du Minot. Ce produit représente 95 % de nos ventes.»

Pour changer de la bière

Le cidre prêt à boire plaît aux consommateurs de bière. Il contient peu d'alcool, entre 4 et 7 %, il se vend souvent en paquets de quatre bouteilles et il n'est pas cher. 

«C'est une autre approche, résume François Pouliot. Ça va chercher une clientèle qui aime la bière et les microbrasseries. Mais aussi une clientèle sans gluten, car contrairement à la plupart des bières, la pomme ne contient pas de gluten.»

Michel Jodoin constate que les moins de 30 ans sont «tombés en amour» avec le cidre prêt à boire. C'est pourquoi la plupart des étiquettes sont colorées.

PHOTO SAQ

La Face cachée de la pomme, Smac, 2,85 $ (12724014).

Les cidres prêts à boire sont également populaires dans les bars. Robert McKeown en sait quelque chose. Le cidriculteur de Rougemont vend depuis longtemps ses cidres en fût dans les bars et dans les restaurants. Ses produits sont vendus depuis peu à la SAQ.

«Le cidre, en particulier le cidre de glace, est très calqué sur le vin. Le format de la bouteille, la façon de l'élaborer, la façon de le servir et même le prix, tout ça ressemble au vin. Mais c'est juste au Québec que c'est comme ça!»

Chez nos voisins du Sud, le «hard cider» se vend en canettes et en petit format. Et il connaît un succès fou. Selon le site américain Ciderjournal, les ventes ont augmenté de 71 % en 2014, après des hausses de 89 % en 2013 et de 90 % en 2012. 

L'engouement se fait sentir en Allemagne, en France et en Suisse, où le cidre prêt à boire représente 80 % des exportations de Michel Jodoin.

La tendance est si forte que l'industrie de la bière s'y intéresse. Des géants comme Molson et Labatt commercialisent désormais du cidre. Leurs boissons ne sont toutefois pas offertes au Québec, car selon les règles en place, le cidre vendu chez nous doit être uniquement produit avec du jus de pommes frais. 

La brasserie McAuslan a obtenu son permis de fabricant de cidre. Elle compte commercialiser sa boisson l'an prochain.

PHOTO SAQ

Michel Jodoin, La Grande Tentation, 3,30 $ (11506672).

La Bolée Pétillante du Minot: classique

Coup de coeur pour ce cidre aux arômes de fleurs de pommier. L'équilibre entre l'acidité de la pomme et le sucre (26 g/L) est réussi. C'est délicat, c'est long. Les bulles sont fines. C'est l'un des rares cidres prêts à boire qui ne sont pas gazéifiés, puisque les bulles sont produites dans une cuve close, comme pour un prosecco. Vous l'aimez? Sachez que le Mystique, vendu en épicerie, est identique. Seule l'étiquette change.

La Bolée Pétillante du Minot, 2,95 $ (11957211)

Michel Jodoin La Grande Tentation: rosé

Ce cidre peut très bien se déguster à l'apéritif, mais il gagne à être servi à table. Son amertume lui permet d'accompagner aussi bien le poulet grillé que les salades. Sa couleur rosée provient de la pomme geneva assemblée à la McIntosh. Un joli duo aux arômes de fraises des champs et de framboises dans lequel on sent très peu les 36 g/L de sucre.

Michel Jodoin La Grande Tentation, 3,30 $ (11506672)

La Face cachée de la pomme Smac: en canette

«Pschiiit», la canette est ouverte! Ce contenant ne met pas en valeur les arômes de fleur que l'on perçoit une fois le cidre versé dans un verre. Sa bouche est délicate, croquante et rafraîchissante. Les bulles ne sont pas agressives et les 29 g/L de sucre s'intègrent bien.

La Face cachée de la pomme Smac, 2,85 $ (12724014)