Leur gin Piger Henricus (le fameux «gin au panais») est sorti sur les tablettes de la SAQ il y a deux ans. Depuis, on se demandait quel spiritueux serait le prochain à couler de l'alambic des distillateurs Subversifs. Eh bien, cet automne, ils lancent (en commande privée) non pas un, ni deux, mais trois nouveaux produits!

Leur nom, Les Subversifs, laisse entendre qu'ils ne font pas les choses comme la moyenne des ours et qu'ils aiment bien remettre en question certains principes, certains règlements, voire certaines lois qu'ils jugent archaïques. Pour mieux comprendre la démarche, il suffit de prendre connaissance des nouveaux produits de la maison.

1. Chien blanc

3,79 L, 190,50$ pour le cruchon de spiritueux de grains et 140$ pour le baril de chêne blanc, pour un total de 330,50$, 50% alc./vol.

Selon la loi canadienne, un whisky canadien doit «être vieilli en petit fût pendant au moins trois ans». Mais, selon la lecture des Subversifs, «cette définition s'applique au whisky canadien et non au whisky tout court», affirme Stéphan Ruffo, le plus loquace des Subversifs, dont font également partie Fernando Balthazard, Pascal Gervais et Robert Paradis.

Malgré leur réfutation de l'article de loi, les distillateurs n'ont pas pu appeler leur Chien blanc «whisky» - dans le jargon des distillateurs, le white dog est un alcool de grain non vieilli, donc blanc. Mais ça ne fait que rendre le produit encore plus amusant, conceptuel et... subversif.

Le whisky qui n'en est légalement pas un est vendu au gallon, avec un petit fût de chêne de 5 L pour le faire vieillir soi-même à la maison. Au terme de l'exercice (environ trois mois de vieillissement), vous aurez l'équivalent de cinq bouteilles de 750 ml, à garder ou à donner en cadeau (pensez Noël!).

Les Subversifs peuvent se targuer d'être les premiers à débarquer sur le marché des spiritueux québécois avec un alcool de grain local à 100%. L'ingrédient principal, le maïs, a poussé sur les terres de Robert Paradis, à Saint-Alexandre. Le seigle est également du Québec et l'orge maltée vient de la Malterie Frontenac. Le brassin a été préparé par la microbrasserie Les Trois Mousquetaires, puis ensuite fermenté et distillé chez Les Subversifs, à Saint-Alexandre. Difficile de faire plus local, en matière de spiritueux québécois.

Qu'est-ce que ça goûte?

La version non vieillie est intéressante en soi, avec des notes étonnamment fruitées. Ça sent (et ça goûte) la banane et la réglisse rouge. C'est suffisamment bon pour qu'on veuille s'en garder l'équivalent d'une bouteille. Après, si vous suivez les instructions des Subversifs à la lettre et faites vieillir votre Chien blanc pendant trois mois dans le fût préalablement bien humecté, vous aurez un beau «whisky» de type bourbon, très pâtissier et réconfortant, rappelant le pain aux bananes.

2. B.02.080

38,50$, 750 ml, vendue en caisse de 3 bouteilles, 40% alc./vol.

Ce produit porte le nom de l'article de loi définissant la vodka: «La vodka doit être une boisson alcoolique potable obtenue par le traitement de l'esprit de grain ou de pommes de terre avec du charbon de bois, de manière que le produit n'ait ni caractère, ni arôme, ni goût distinctifs.»

Les Subversifs ont voulu remettre en question cet article de loi, probablement écrit pour favoriser les producteurs des céréales, à l'époque, en créant un assemblage d'alcool de grain neutre et d'eau de vie de pomme distillée à 95% d'alcool/volume. «Au Québec, on a tellement de pommes qu'on ne sait plus quoi en faire! Pourquoi pas de la vodka?», lance M. Ruffo.

Du reste, la B.02.080 est également une petite boutade visant tous ces embouteilleurs qui ne font que filtrer et diluer de l'alcool de grain neutre industriel, la mettre en bouteille et appeler ça «vodka».

Qu'est-ce que ça goûte?

Pas grand-chose, mais c'est l'objectif! Contrairement à bien d'autres «vodkas sans caractère, arôme ni goût distinctifs», toutefois, la B.02.080 conserve de subtiles notes fruitées qu'elle tire d'une de ses matières d'origine, la pomme.

3. Réduit Piger Henricus

32,50$, 750 ml, 22% alc./vol. Vendu en caisses de 3.

Voici un produit bien accessible qui rappelle la tradition québécoise d'ajouter du gros gin au réduit d'eau d'érable, dans le temps de la cabane à sucre. Les Subversifs ont pris leur gin, ajouté du sirop d'érable et de l'eau pour réduire le taux d'alcool à un très digeste 22%, puis mis le liquide ambré en bouteille.

Qu'est-ce que ça goûte?

L'auteure de ces lignes n'avait jamais vraiment réfléchi à ce qui pourrait ressortir du mariage entre le gin et le sirop d'érable. Le Réduit Piger Henricus révèle (ou rappelle) que c'est une union tout à fait harmonieuse. Le côté sapiné de la baie de genièvre fait très bon ménage avec l'érable. Du reste, c'est un petit digestif moins sucré que la majorité des liqueurs, et donc beaucoup plus digeste. À l'hiver, on voudra peut-être aussi l'essayer chaud, en regardant la neige tomber.

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Pour commander ces produits, on se rend sur le site des Subversifs. distillateurssubversifs.com