Stevens Charles a 31 ans. Il a grandi à Montréal, n'a jamais connu son père. Sa mère a travaillé dur et fait bien des sacrifices pour qu'il puisse aller à l'école privée, au Mont-Saint-Louis. Diplômé des HEC, il travaille dans une banque.

Mais il a un projet.

Il veut commercialiser la crémasse.

La crémasse, c'est une boisson haïtienne. «En Haïti, tout le monde connaît ça, tout le monde boit ça, mais c'est fait maison», explique-t-il. Et selon lui, il était temps que quelqu'un en fasse en bouteille, pour qu'on puisse l'acheter sans se casser la tête.

Le mélange est crémeux, façon Bailey's. Le LS Cream de Charles compte 17% d'alcool environ, mais la recette traditionnelle varie. On le prépare avec du lait condensé, parfois du lait de coco, de l'alcool pur ou du rhum... On peut y ajouter de la vanille, de la cannelle, de la muscade...

Charles a donc peaufiné une recette stabilisée qui puisse être vendue à grande échelle, sur les tablettes, il a trouvé un design pour une bouteille moderne - il espère que ses futurs clients commanderont des bouteilles entières dans les bars et seront fiers de la laisser sur la table. Et il est allé chercher les permis pour se lancer sur le marché américain. Il veut vendre son produit en Haïti, bien sûr, et la Société des alcools lui permet de vendre au Québec, en vente privée. Mais son premier objectif? New York. Rien de moins. Où le marché de la diaspora haïtienne est substantiel.

Espère-t-il en outre que les Beyoncé, Kanye et autres leaders culturels de la communauté afro-américaine se mettent à boire haïtien?

«Je veux commencer tranquillement! répond-il en riant. Mais avouez qu'il était temps qu'on ait notre liqueur!»