Devenue depuis plus de deux ans le principal client du cognac, en valeur, la Chine offre d'immenses perspectives aux viticulteurs et aux maisons de négoce de cette eau-de-vie dont les ventes à travers le monde connaissent une envolée, se sont félicités cette semaine les professionnels.

«Depuis plus de deux ans, la Chine est en valeur le premier marché du cognac et, quand on connaît l'essor de l'économie chinoise, cela ouvre des perspectives très intéressantes», explique Jean-Marc Morel, président du bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC).

En termes de volume, les États-Unis sont restés en 2012 les premiers importateurs de cognac avec 139 335 hectolitres, loin devant Singapour (82 057 hl) et la Chine (68 906 hl), selon les statistiques publiées mi-janvier par le BNIC.

Entre 2011 et 2012, les expéditions de cognac dans ces deux pays d'extrême Orient ont augmenté de près de 9%, précise cette étude.

«Une grande partie du cognac consommé en Chine transite par Singapour et donc en volume, le marché chinois n'est pas loin de celui des États-Unis», explique Jean-Marc Olivier, consultant pour le cabinet d'audit et de conseil PWC, auteur d'une étude rendue publique mercredi dans la cité charentaise à l'occasion de la journée du cognac.

La Chine est, depuis quelques années, le principal moteur du fulgurant essor du cognac qui a traversé une grave crise entre 1995 et 2005. C'est en partie lié à l'offensive des plus grandes maisons de négoce du marché de l'ex-Empire du Milieu où les premières bouteilles de la célèbre eau-de-vie ont été importées dès le début du XIXe siècle.

«Signe de la réussite des classes moyennes»

«Le cognac est dans le goût des Chinois depuis très longtemps et désormais il est un signe de la réussite des classes moyennes alors que le vin est plus atypique pour eux», souligne M. Olivier, ancien directeur général de la maison de négoce en cognac Courvoisier.

Pour M. Morel, les Chinois apprécient autant le cognac VSOP (Very superior old pale) -- 5 ans et plus de vieillissement -- qu'extra old (XO) --15 ans et plus -- et le boivent autant avant, après et pendant le repas.

Ainsi, selon l'étude de PWC, si en Chine, les spiritueux locaux, notamment le baijiu, continuent de représenter 99% de la consommation en volume et 94% en valeur, sur les 1% de spiritueux importés, le cognac en représente 50% contre 41% pour le whisky.

«Il y a une croissance rapide des besoins de ce produit et, avec le développement de la Chine et la hausse du niveau de vie, les consommateurs seront de plus en plus nombreux», a assuré l'ambassadeur de Chine en France Kong Quan, devant un parterre de quelque 700 professionnels.

Selon lui, le cognac est essentiellement bu par les classes moyennes vivant en ville.

«Avec une urbanisation accélérée et une classe moyenne de 700 millions de personnes d'ici quelques années, on peut compter sur une part plus importante de nouveaux consommateurs», promet M. Kong.

«L'an dernier, nous avons vendu un million de caisses de 9 litres, ce qui fait de notre cognac le premier spiritueux occidental en Chine, c'était la première fois qu'une marque occidentale dépassait un million de caisses», affirme Jean-Marc Morel, également directeur général de la maison de négoce Martell.

L'ambassadeur de Chine s'est par ailleurs engagé auprès des professionnels à renforcer la lutte contre la contrefaçon et a affirmé que le renforcement de la protection juridique de ces produits fait partie des priorités de son gouvernement.

Dès 2009, le cognac avait été le premier produit étranger à y bénéficier d'une indication géographique (IG) pour le protéger.