Une vodka produite au Québec a bien failli ne jamais être commercialisée aux États-Unis. La raison: son producteur lui prêtait des propriétés anti-gueule de bois.

Jusqu'à tout récemment, on pouvait lire sur le site internet de Signature vodka que la boisson est préparée avec des infusions de curcuma. Selon Signature vodka, cette herbe est reconnue pour avoir des propriétés antioxydantes, préviendrait le cancer et aurait des vertus pour soulager la gueule de bois.

Cette information a été reprise dans le magazine Cellier de septembre dernier. Ce qui a fait bondir les autorités américaines responsables de la réglementation et de l'émission des permis pour la commercialisation de ce produit aux États-Unis.

«On a reçu un fax des autorités américaines nous demandant si on faisait la promotion de notre boisson comme un anti-gueule de bois, dit le responsable des communications chez Signature vodka, Angel Pallapini. Ils nous ont alors faxé l'article du Cellier.»

Estomaqués, les dirigeants de l'entreprise ont immédiatement alerté la Société des alcools du Québec (SAQ), éditrice du magazine. Or, Angel Pallapini dit n'avoir reçu aucun retour d'appel. Il soutient que cet article, publié par la société d'État, a nui à ses démarches pour entrer sur le marché américain.

Pourtant le magazine Cellier n'est pas le premier à établir un lien entre la boisson québécoise et les vertus anti-gueule de bois du curcuma. «On lui a confirmé (au propriétaire de Signature vodka) qu'on avait vu d'autres articles, dans The Gazette par exemple, qui parlaient de son produit. Alors il faudrait qu'il soit vigilant sur son propre positionnement», dit Isabelle Merizzi, directrice des affaires publiques à la SAQ.

Afin de rassurer les responsables de leur dossier aux États-Unis, Signature vodka a changé son site internet ainsi que ses étiquettes. Elle a aussi promis qu'aucun lien entre les supposées propriétés anti-gueule de bois du curcuma et leur boisson ne serait fait dans leurs publicités.

À la demande de leurs avocats, l'entreprise a d'ailleurs envoyé un communiqué le 15 novembre dernier pour nier les liens dont faisait état le magazine Cellier.

«Je ne veux pas voir des organismes comme Mothers Against Drunk Driving venir cogner à ma porte et nous demander ce que l'on fait», explique Angel Pallapini.

Signature vodka a reçu son permis pour la vente aux États-Unis. La boisson est en voie d'être commercialisée dans plus de 22 États américains.