Le vin se retrouve souvent au coeur de l'actualité. Pour mieux comprendre ce qui se trouve dans notre verre, voici quelques explications sur une nouvelle du monde vinicole. Cette semaine, retour sur le conflit entre la Colombie-Britannique et l'Alberta, où le vin a servi de moyen de pression.

Alberta et Colombie-Britannique

Le mois dernier, le conflit sur l'expansion de l'oléoduc Trans Mountain, dans l'Ouest canadien, a pris une tournure inattendue : l'Alberta a suspendu ses importations de vin de la Colombie-Britannique pour forcer sa voisine à autoriser la construction de ce projet. La province du Pacifique veut en effet bloquer le projet, même s'il a déjà reçu l'aval du gouvernement fédéral.

Le boycottage a duré deux semaines. L'Alberta y a mis fin après que le gouvernement britanno-colombien eut annoncé qu'il va demander aux tribunaux de trancher le litige. Le British Columbia Wine Institute avait, pour sa part, menacé de contester l'embargo en cour, le jugeant « inconstitutionnel ».

Ces deux semaines ont été longues et inquiétantes pour les vignerons de la Colombie-Britannique, dont l'industrie emploie près de 12 000 personnes. L'Alberta est leur premier marché d'exportation et représente 20 % des ventes. Les Albertains sont également nombreux à visiter les vignobles de la province et à encourager l'industrie touristique.

Une quarantaine de vins de la Colombie-Britannique sont en vente au Québec et ils sont chers. La majorité des produits coûtent plus de 20 $. Vous en aurez cependant pour votre argent avec ce chardonnay du domaine Quails' Gate. Les arômes de fruits jaunes remplis de soleil, comme l'ananas, se retrouvent dans une bouche croquante et savoureuse, où les notes de bois sont fondues. Rien à voir avec les chardonnays américains parfois trop boisés. Il sera un bon compagnon au repas de cabane à sucre.

Quails' Gate Chardonnay 2015, 22,35 $ (12456179)

Ontario et Israël

Voici un autre cas récent où le vin a été utilisé comme objet de négociation. L'Ontario a cessé la vente de deux vins israéliens, l'été dernier, à la demande de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). Selon l'organisme fédéral, les vignobles Psagot et Shiloh sont situés en « territoires occupés » et non en Israël, comme l'indique l'étiquette des produits. Le boycottage a fait couler beaucoup d'encre en Ontario et a soulevé la colère de la communauté juive canadienne, mais il n'a duré que quelques jours. L'ACIA a dû revenir sur sa décision, car l'interdiction contrevenait à l'Accord de libre-échange Canada-Israël.

Le monopole ontarien, la LCBO, commercialise deux fois plus de vins israéliens que la SAQ. Parmi la vingtaine de produits offerts au Québec, ceux de Golan Heights Winery sont un bon choix. Comme c'est souvent le cas avec les vins israéliens, il s'agit d'un assemblage de cépages bordelais. Il est produit dans le nord du pays, dans un territoire aussi disputé. Son nez est très fruité sur des notes de fraise et de framboise. Des arômes de fleurs rappellent le lilas. Sa bouche est souple, peu corsée et semble légèrement douce en finale. Une belle curiosité qui accompagne parfaitement les hamburgers.

Golan Heights Winery Mount Hermon 2016, 21,75 $ (10236682)

Photo fournie par la SAQ

Quails' Gate Chardonnay 2015

Photo fournie par la SAQ

Golan Heights Winery Mount Hermon 2016

États-Unis et France

Le boycottage des importations de vin à titre de représailles ? La France en sait quelque chose. En 2003, l'Hexagone n'a pas appuyé la position américaine lors de la guerre en Irak. Les États-Unis ont alors lancé un appel au boycottage des produits français, en particulier du vin. Les conséquences ont été énormes. Le boycottage aurait coûté 112 millions de dollars aux Français, selon des chiffres rapportés dans le journal Les Échos.

Pour reconquérir le marché américain, plusieurs vignerons français ont créé des vins amusants dont le nom reprenait les insultes qui leur étaient adressées. Le plus connu est sans doute l'Arrogant Frog du domaine Paul Mas, dont les bouteilles étaient alors vendues au Québec.

Ce vin du Roussillon n'a ni un nom accrocheur ni une étiquette amusante. Mais il est d'une grande élégance. Pour près de 20 $, c'est une véritable aubaine ! Cet assemblage de carignan, de grenache et de syrah provient de la région des Aspres, située près de Perpignan. La famille Puig-Parahÿ y est installée depuis 700 ans et y possède aujourd'hui une centaine d'hectares de vigne. Le vin n'est pas certifié bio, mais la famille n'applique pas de traitement chimique et vinifie avec les levures indigènes.

Dans le verre, la robe légèrement orangée dévoile déjà une certaine évolution. Rien d'étonnant, le vin est issu de la vendange 2011. On sent des notes florales, d'orange, de fruits séchés et d'épices douces. En bouche, le vin ne brille pas par sa puissance. Ses tannins fins et texturés laissent une impression de cacao. La finale est délicate et juteuse. Une valeur sûre avec un plat de viande braisée et un choix audacieux avec un plat de poisson blanc, tomates et fines herbes.

Domaine Puig-Parahÿ Georges 2011, 19,20 $ (12731177)

Photo fournie par la SAQ

Domaine Puig-Parahÿ Georges 2011