L'été pluvieux et frais a gâché les vacances de plusieurs Québécois. Il a aussi donné la frousse à plusieurs vignerons. Heureusement, le temps chaud et sec du mois de septembre a permis de rescaper une vendange qui s'annonçait désastreuse.

À la fin du mois d'août, Charles-Henri De Coussergues était très inquiet. La maturation de ses vignes était en retard et il pleuvait. Un défi pour le vigneron qui entamait sa 35e vendange dans les Cantons-de-l'Est.

«On avait une semaine de retard à la fin août, dit-il, c'est pas mal.»

L'oenologue Richard Bastien conseille plusieurs vignobles du Québec. Il se préparait lui aussi au pire.

«On s'en allait droit dans un mur. Les mois de septembre et d'octobre sont en train de sauver la mise. Au lieu d'avoir une année catastrophique, on aura une année normale.»

Avec le beau temps et la sécheresse des dernières semaines, les raisins ont rattrapé leur retard. Ils ont mûri plus rapidement et leur acidité a baissé. Un revirement de situation inespéré pour les vignerons.

Autre bonne nouvelle, l'oenologue et vigneron Jean-Paul Martin constate que la quantité de raisin est plus abondante que par les autres années, jusqu'à 10 % pour certains cépages. Ce scénario change des dernières récoltes, où la qualité était au rendez-vous, mais pas la quantité.

Le temps pluvieux et humide du mois d'août a toutefois provoqué des maladies dans certains vignobles, en particulier de l'oïdium, relate Richard Bastien.

«Tous les vignerons ne sont pas sortis indemnes, dit-il. Ça dépend des régions et du travail que les vignerons ont fait dans les vignes.»

Alors que les vendanges des cépages blancs tirent à leur fin dans le sud du Québec, elles débutent pour les rouges. Selon l'oenologue Jean-Paul Martin, certaines variétés de rouges auront plus de difficulté à récupérer leur retard. Il faudra attendre encore quelques semaines avant de juger la qualité de la récolte.

L'exception Québec

L'été a eu beau être médiocre dans le sud de la province, ce n'est pas le cas à Québec. Sur l'île d'Orléans, Louis Denault amorce l'une des plus belles récoltes de son histoire. Dans son champ, le vigneron est enthousiaste. Les grappes sont grosses, abondantes et l'acidité des raisins est très basse.

«Je ne fais aucune correction sur mes blancs cette année [pas d'ajout de sucre ou de modification de l'acidité], affirme le vigneron. C'est du jamais vu pour moi! Sur les rouges, j'ai déjà de belles maturités.»

L'agronome Gaëlle Dubé, spécialiste des vignes du Québec, arrive au même constat. Elle croit que les vignobles de la région de Québec ont eu un été plus normal et plus favorable.

«Cette année, ç'a été l'inverse, constate la spécialiste. La Montérégie a connu une saison très, très pluvieuse et fraîche. Par contre, dans la région de Québec, je dirais à partir de Trois-Rivières, on a connu une saison magnifique.»

Changements dans la Rioja

Par ailleurs, en Espagne, les vignerons de la Rioja se réjouissent. Après des années de négociations, le Conseil de la Rioja vient d'accepter de revoir le classement des vins de la région. Les vignerons pourront désormais inscrire la sous-région et le nom du village où ont été récoltés les raisins. Ce changement permettra de juger les vins selon le terroir plutôt que sur la durée de l'élevage en barriques (Gran Reserva, Reserva), comme c'est le cas en ce moment.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Avec le beau temps et la sécheresse des dernières semaines, les raisins ont rattrapé leur retard.