Véritable légende d'Hollywood, le réalisateur Francis Ford Coppola était de passage à Montréal cette semaine, non pas pour faire la promotion de ses films, mais bien celle de ses vins. Il a réuni autour d'une table les meilleurs clients québécois de son vignoble, le temps d'un souper auquel La Presse a pu assister.

Martin Lampron ne voulait pas manquer sa rencontre avec Francis Ford Coppola. Le propriétaire du restaurant La Maison de débauche, à Trois-Rivières, possède l'une des plus impressionnantes caves du Québec et les vins du cinéaste y ont une belle place. «Je suis allé trois fois à son domaine en Californie, dit-il. Mais je n'ai jamais eu la chance de le rencontrer.»

Même scénario pour Luc Viens, propriétaire du Bistrot 633 à Bromont. Ce restaurateur, qui connaît par coeur les cuvées de Coppola et a en mémoire chacune de ses visites du domaine, attendait impatiemment sa rencontre avec le producteur. Il pleuvait à boire debout quand le vigneron de 77 ans a débarqué au restaurant Rib'n Reef, sur le boulevard Décarie, après une autre visite éclair à Toronto. Le Canada, principalement l'Ontario et le Québec, est le principal marché d'exportation pour ses vins.

Le célèbre producteur ne manque pas de travail. Le domaine qui porte son nom produit 50 différentes cuvées et son autre vignoble, Inglenook, produit une dizaine de produits prestigieux. Coppola vinifie également pour trois ans des cuvées inédites pour la cérémonie des Oscars et, pour le géant Costco, le chardonnay californien de la marque Kirkland.

«Il a toujours de nouvelles idées, raconte son oenologue Corey Beck, qui était aussi du voyage. C'est difficile de l'arrêter.»

Corey Beck se souvient que son patron l'a appelé lors du tournage du film Tetro, en Argentine. Il était tombé amoureux des rouges du pays à base de malbec et voulait en ajouter un à sa gamme. C'est chose faite! Pendant le souper, Francis Ford Coppola ne s'est pas fait prier pour raconter ses souvenirs d'enfance: sa famille achetait des raisins pour préparer ses bouteilles à la maison. À son arrivée en Californie, il était clair pour Coppola qu'il allait faire du vin et que ses enfants allaient participer à son projet.

«On m'a dit que je ne savais pas faire du vin. J'ai répondu qu'au début de ma carrière, je ne savais pas faire de films non plus!»

Un autre de ses rêves est devenu réalité: sa fille, Sofia, a aujourd'hui plusieurs cuvées à son nom, notamment un chardonnay non boisé dont Coppola raffole et qui a été servi durant le repas. Malheureusement, le réalisateur a dû écourter sa soirée. Des problèmes d'arythmie cardiaque l'ont forcé à quitter la table, mais il a laissé ses invités en compagnie de sa femme, Eleanor. 

Tout comme sa fille Sofia, Eleanor a un vin homonyme. Cet assemblage de syrah et de cabernet sauvignon provenant des régions de Sonoma et de Napa était d'ailleurs délicieux avec la pièce de viande servie. Le clou de la soirée a toutefois été la dégustation du vin Archimedes, un rouge puissant à base de cabernet sauvignon dont les effluves de fines herbes et de fruits noirs rappelaient certains grands vins de Bordeaux. La cuvée n'est pas offerte à la SAQ, mais à voir la réaction des restaurateurs autour de la table, parions qu'elle devrait se retrouver sur leur carte des vins avant longtemps.

Photo Catherine Lefèbvre, collaboration spéciale

Les restaurateurs Hans Stefanson (Keg House), Patrik Schmidt (sommelier au Rib'n Reef), Felix Saint-Louis (Fo Go), Luc Viens (Bistrot 633), Martin Lampron (La Maison de débauche), Peter Katsouda (Rib'n Reef) et Gerry Kakaroubas (Madison Restaurant) sont réunis afin de déguster les vins de Francis Ford Coppola.

Trois vins de Californie

Le merlot Blue Label est le vin le plus connu de Francis Ford Coppola au Québec. Ce rouge est facile à boire et accessible, mais d'autres vins de Californie valent aussi le détour. En voici trois à découvrir.

Zinfandel à la Coppola

L'étiquette qui entoure les bouteilles de la série Director's Cut est une idée de Francis Ford Coppola. Le concept, unique, n'a pas été facile à mettre en place, confie l'oenologue du domaine, Corey Beck. Dix vins sont produits dans cette série, dont un zinfandel provenant de l'appellation Dry Creek dans Sonoma. Dans le verre, le vin est soutenu par une trame acidulée qui met en valeur les arômes de fruits rouges et mûrs. L'élevage en barrique est bien intégré et ajoute des notes d'épices douces. Il n'est pas tout à fait sec, mais l'équilibre est réussi.

Francis Ford Coppola Director's Cut Zinfandel 2013, 31,50 $ (11882272)

Une touche de syrah

Quel bonheur de plonger le nez dans cet assemblage de cabernet sauvignon et de syrah produit par Bill Easton. Les arômes de fruits mûrs se mêlent  aux notes d'épices et de poivre typiques de la syrah. La robe un peu orangée, tout comme les odeurs végétales, trahit légèrement les six ans d'âge du vin. En bouche, les tannins sont toutefois encore bien présents. C'est soyeux, cendré et digeste. À essayer sans faute!

Easton House 2011, 23,20 $ (10744695)

Juteux et vanillé

Plusieurs vignerons américains, dont Coppola, produisent un «claret», soit un assemblage de cépages bordelais. Un nouvel arrivage de celui de la maison Bonny Doon est maintenant offert et il détonne du stéréotype  des vins très boisés et intenses de Californie. Il sent les fruits frais et la vanille. Même s'il est composé en majorité de cabernet sauvignon, il n'est ni tannique ni puissant. C'est juteux et facile à boire.

Bonny Doon A Proper Claret 2014, 20 $ (12495961)

Photo fournie par la SAQ

Francis Ford Coppola Director's Cut Zinfandel 2013