Le domaine de la Romanée-Conti a réclamé jeudi 500 000 euros (700 000 $) de dommages et intérêts devant le tribunal correctionnel de Dijon, qui juge jusqu'à vendredi un Russe et deux Italiens pour des ventes de fausses bouteilles du prestigieux domaine bourguignon.

«On n'avait pas l'habitude de trouver des contrefaçons» dans ce secteur, a plaidé Me Marine Cousté, avocate de la Romanée-Conti, décrivant le préjudice important pour l'image du domaine causé par la mise en vente de fausses bouteilles.

«Si cette appellation Romanée-Conti est si prestigieuse, c'est qu'il y en a très peu», a-t-elle ajouté, évoquant un «trafic international» qui pourrait être plus vaste que les faits abordés devant le tribunal.

Sur une parcelle de moins de deux hectares, le domaine de la Romanée-Conti produit chaque année entre 5000 et 6000 bouteilles, vendues via un réseau de distributeurs exclusifs à des prix pouvant atteindre 9000 euros (12 500 $) la bouteille.

Au coeur de l'affaire, la vente entre 2012 et 2014 de quelque 400 bouteilles portant frauduleusement l'étiquette Romanée-Conti mais aussi, dans une moindre quantité, de crus Musigny du domaine Leroy.

Seul à comparaître, le prévenu russe Aleksandr Iugov s'est retranché jeudi derrière celui qu'il désigne comme son patron de l'époque, un Allemand qui a mis fin à ses jours en juillet 2014 dans son pays.

«Je n'ai jamais su que les bouteilles» étaient contrefaites, a affirmé M. Iugov. Le Russe dit aussi n'avoir «rien à voir» avec les prévenus italiens, jugés en leur absence.

Interpellé en mai 2014, il est aujourd'hui sous contrôle judiciaire après avoir passé un an et demi en détention provisoire. Son avocat de M. Iugov, Me Julien Dami Le Coz compte plaider la relaxe.

Restés en Italie, les deux négociants en vin Enzio et Nicola Lucca, père et fils, ont déjà été condamnés par la justice suisse en mars 2015 à 24 mois de prison avec sursis et 5000 francs suisses (6500 $)  d'amende chacun, ainsi qu'à un million d'euros de dommages et intérêts, dont 400 000 (525 000 $) pour le domaine de la Romanée-Conti.

Leurs avocats estiment qu'il est aujourd'hui impossible de les juger à nouveau pour des faits identiques.

Le procès doit s'achever vendredi par les réquisitions du ministère public et la plaidoirie de la défense.