Le président François Hollande a tenu à inaugurer en personne mardi la Cité du Vin à Bordeaux, nouvel emblème de la ville, tandis que des opposants à la loi travail se sont manifestés en coupant le courant avant le discours du chef de l'État, plongeant partiellement la Cité dans le noir.

La Cité du Vin, qui ouvrira au public mercredi, se veut tout à la fois un lieu pédagogique et culturel consacré à un patrimoine oenologique mondial vieux de 8000 ans, et une attraction architecturale et touristique. Sa vocation à peine dissimulée: devenir pour Bordeaux un aimant touristique à l'instar de ce qu'est à Bilbao, au Pays Basque espagnol, le Musée Guggenheim de l'architecte américain Frank Gehry.

Grâce notamment à ses vins prestigieux, Bordeaux, classée au patrimoine mondial par l'UNESCO, a accueilli près de six millions de touristes en 2015 et compte sur 450 000 visiteurs par an à la Cité du Vin pour renforcer encore l'oenotourisme dans les châteaux du vignoble bordelais.

Le vin au «patrimoine» de la France

«Le vin fait partie de notre patrimoine culturel, gastronomique, mais aussi paysager», a souligné le chef de l'État dans une interview publiée mardi par le quotidien Sud Ouest. «Il témoigne bien de ce que représente la France aux yeux du monde: un pays de liberté, de culture, dont le mode de vie est si envié qu'il est notre fierté. La Cité du vin contribuera à promouvoir cette image».

Aux côtés du maire de Bordeaux, Alain Juppé, peut-être un de ses adversaires à l'élection présidentielle en 2017, François Hollande a visité pendant moins d'une heure ce bâtiment planté en bords de la Garonne et dont la flèche culminant à 55 mètres se dresse tel un phare à l'entrée de la ville. Alain Juppé a qualifié cette déambulation conjointe de «côte à côte républicain».

Le parcours permanent de la Cité du Vin, immersif, sensoriel et interactif au travers de 19 modules numériques, dont la scénographie a été conçue par le cabinet britannique Casson Mann Limited, évoque le vin comme patrimoine universel par le prisme des arts, de l'histoire, de la philosophie, de la géographie, des savoir-faire ou de l'artisanat.

Son architecture ronde et moderne, conçue par Anouk Legendre et Nicolas Desmazières, du cabinet français XTU, est en rupture par rapport au classicisme des quais de Bordeaux et évoque selon les architectes «l'élément liquide». Néanmoins, son enveloppe, constituée de panneaux de verre sérigraphié et de panneaux d'aluminium, se pare de reflets dorés évoquant les pierres blondes des façades bordelaises.

Répartie sur 10 niveaux, La Cité du vin se compose d'un espace architectural de 13.350 m2 et d'un belvédère au 8e étage à 35 mètres de haut. Là, les visiteurs se verront proposer à la fin de la la visite une dégustation de l'un des 20 vins du monde choisis dans la cave de la Cité du Vin parmi 14.000 bouteilles provenant de près de 80 pays.

D'un coût total de 81 millions d'euros, 81% de l'enveloppe globale reposent sur des financements publics, majoritairement de la Ville de Bordeaux (38%).

Contexte social oblige, près d'un millier de manifestants, à l'appel des syndicats opposés au projet de loi travail, s'est rassemblé en fin de matinée à un demi-kilomètre de la Cité du Vin, maintenu à distance par un important dispositif de sécurité.

À la fin du discours d'Alain Juppé, des syndicalistes ont coupé le courant électrique à la Cité du Vin, plongeant une partie du bâtiment dans le noir, mais pas l'auditorium où étaient prononcés les discours. Cette action-surprise a été annoncée à l'AFP par une responsable de la CGT: «Ils sont dans le noir», s'est-elle exclamée.

Des opposants au recours aux pesticides dans la viticulture devaient également profiter de la caisse de résonance médiatique pour faire entendre leur combat.