Le PDG du groupe japonais de boissons Suntory Holdings a décliné vendredi tout intérêt pour les marques de bière européennes Peroni et Grolsch, dont son rival Asahi étudierait l'acquisition selon la presse.

Takeshi Niinami affirme souhaiter faire une pause après une importante opération dans le domaine des spiritueux.

«Nous voulons nous concentrer pour au moins trois-quatre ans sur l'intégration de Beam, qui a déjà des activités en Europe», a-t-il déclaré, lors d'une conférence au club des correspondants étrangers du Japon.

«Nous regardons (les dossiers), mais nous ne sommes pas intéressés aujourd'hui par le rachat d'autres activités», a-t-il assuré.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Suntory a bouclé au printemps 2014 l'acquisition de Beam, fabricant américain de bourbons, pour près de 16 milliards de dollars.

Suntory a bouclé au printemps 2014 l'acquisition de Beam, fabricant américain de bourbons, pour près de 16 milliards de dollars. «Nous avons fait un grand pas en avant, c'était le meilleur et seul choix pour générer une croissance durable», a jugé le PDG de 56 ans, qui dirigeait auparavant la chaîne de supérettes multiservices Lawson.

«L'investissement était élevé mais judicieux», même si «ce n'est pas une tâche facile» de brasser les cultures d'entreprise, a-t-il ajouté.

Exposés au risque de contraction de la demande au Japon, où la population vieillit et décline, les groupes japonais du secteur cherchent à étendre leurs activités à l'étranger.

D'après divers médias, le brasseur Asahi serait ainsi sur les rangs pour racheter au britannique SABMiller deux de ses marques de bières, l'italienne Peroni et la néerlandaise Grolsch, pour 3 milliards de dollars.

D'autres groupes asiatiques, comme le philippin San Miguel Corp et le thaïlandais Thai Beverage PCL seraient également intéressés.

Le japonais Kirin, qui détient plus de 40% de San Miguel Brewery, a en revanche démenti vendredi envisager de faire une offre commune avec la société philippine. «Ce sujet ne fait pas l'objet de discussion dans la compagnie à l'heure actuelle», a déclaré à l'AFP un porte-parole. «Nous avons une part dans San Miguel, mais pas assez pour en faire une filiale, et même si San Miguel réfléchit à une offre, cela ne nous implique pas pour autant».

SABMiller a besoin de céder ces deux marques pour obtenir le feu vert des autorités de la concurrence en vue de son rachat par le groupe belgo-brésilien AB InBev, pour 112 milliards d'euros.

Face à la création d'un tel géant, qui produira près de 30% de la bière à l'échelle mondiale, le PDG de Suntory a assuré ne pas craindre pour son groupe. «Nous avons un avantage compétitif dans les bières artisanales et haut de gamme», a souligné Takeshi Niinami.

Dans le contexte de consolidation de l'industrie, «nous avons deux options: chercher à réaliser toujours plus d'économies d'échelle ou être différent, unique. Notre choix est le second», a-t-il expliqué.

Takeshi Niinami est le premier patron non issu de la famille fondatrice de ce groupe, dont la création remonte à 1899 et qui revendique désormais sous sa bannière spiritueux - bourbons Jim Beam et Maker's Mark, whiskies japonais Hibiki, Yamazaki et Hakushu, cognac Courvoisier, tequila Sauza... -  bières et vins.

Il dispose aussi d'une filiale de boissons non-alcoolisées Suntory Beverage & Food (seule entité du groupe cotée en Bourse), réunissant des eaux, cafés, thés, sodas, dont Orangina Schweppes, et divers produits alimentaires.