Aubert de Villaine, cogérant du domaine de la Romanée-Conti, et Pierre Cheval, du Champagne Gatinois, ont été nommés «hommes de l'année» 2016 par la Revue du vin de France, pour leur action en faveur du classement de leurs régions par l'UNESCO.

Les deux hommes ont porté les candidatures qui ont débouché sur l'inscription en juillet 2015 des «climats» (terroirs viticoles) du vignoble de Bourgogne et des «coteaux, maisons et caves de Champagne» au patrimoine mondial de l'UNESCO. En 1999, Saint-Emilion était devenu le premier paysage viticole inscrit au patrimoine mondial.

«Ces deux chefs de file ont réussi à fédérer les énergies dans leurs régions, à regrouper les vignerons et les autorités politiques, ils ont dû discuter avec deux présidents, Nicolas Sarkozy et François Hollande», a souligné le directeur de la rédaction de la RVF, Denis Saverot, qui remettra les «trophées du vin 2016» jeudi soir.

«Le fait d'avoir deux vignobles de plus reconnus par l'UNESCO est tout à fait fondamental», a-t-il déclaré à l'AFP.

Ce classement par l'UNESCO garantit d'une part une fréquentation touristique accrue aux sites concernés. Mais il sera aussi «une sorte de garde-fou» dans les négociations transatlantiques sur le traité de libre-échange en cours entre l'Union européenne et les États-Unis (Tafta) qui ont des conséquences pour le vignoble, a expliqué Denis Saverot.

«Pour les Américains, le vin, c'est des marques, alors que pour nous, c'est la géographie, les appellations. La reconnaissance par l'UNESCO de cette dimension géographique sera un argument pour éviter qu'on en vienne à gommer la notion d'appellation», a-t-il fait valoir.

À ce titre d'homme de l'année, ils succèdent au ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, distingué en 2015 pour avoir fait du vin et de la gastronomie des arguments d'une «nouvelle diplomatie économique».

Parmi la dizaine d'autres personnalités distinguées cette année, le «vigneron de l'année» est Louis-Benjamin Dagueneau, qui a pris la relève de son père, au domaine Didier Dagueneau à Saint-Andelain (Nièvre), producteur de Pouilly-Fumé.

«Il produit un très grand vin blanc, issu de sauvignon, cépage dont on connaît les notes citronnées. Mais il arrive à dépasser ce cépage pour restituer l'unicité de son terroir et faire un vin unique, qui ne ressemble à aucun autre», salue Denis Saverot.

Le «négociant de l'année» est Gérard Bertrand, ancien rugbyman narbonnais, propriétaire de neuf domaines et très investi dans le bio, «qui contribue à donner dans le monde entier une image valorisante, haut de gamme, des vins du Languedoc», selon la RVF. Issu de la même région, le «caviste de l'année» est Philippe Catusse (Le Chameau Ivre, à Béziers).