Tous les signaux sont au vert pour une récolte en quantité et en qualité, mais les vignerons bordelais restent prudents et espèrent que le millésime 2015 permettra de rattraper le difficile 2013, plus petite récolte depuis 1991.

«Attention les raisins ne sont pas encore récoltés. Même si nous sommes confiants, restons prudents», avance d'emblée le président du Conseil interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), Bernard Farges, interrogé jeudi par l'AFP.

Si les conditions de floraison et de maturation des raisins ont été parfaites, dans une année sèche laissant peu de prises aux maladies de la vigne, les viticulteurs bordelais savent que le mois de septembre avant les vendanges est déterminant pour la qualité du millésime et la quantité de vin.

En volume, et donc sauf accident, les quantités récoltées devraient se situer dans la moyenne décennale, autour de cinq millions d'hectolitres, largement au-dessus de celle de 2013, de 30% inférieure à 3,838 millions de hl.

«L'impact de 2013 s'est fait sentir sur nos résultats les années suivantes et devrait encore se faire ressentir jusqu'en 2016», avec un manque à gagner total sur trois ans estimé à 1,5 milliard d'euros, a expliqué jeudi Bernard Farges.

En plus des conséquences de cette faible récolte historique, le ralentissement du marché chinois, 1er marché à l'export des vins de Bordeaux, pénalise les résultats. Pour la période 2014-2015, le tassement des affaires en Chine est estimé à -25%. «En plus du faible millésime 2013, la politique anticorruption du gouvernement chinois a ralenti les échanges. Et il y avait la nécessité d'assainir le marché et d'écouler les stocks accumulés par des personnes qui s'étaient improvisées importateurs de vin et donc il y a eu moins de réapprovisionnement», a-t-il détaillé.

Pour autant, selon Bernard Farges, «le 2e trimestre 2015 montre un redressement du marché chinois» conjugué avec «une bonne dynamique aux États-Unis et au Japon. Notre grand export tourne bien», s'est-il félicité, notamment grâce à la baisse de l'euro face au dollar favorisant les exportations. Le marché européen, lui, «ralentit sa baisse, mais n'est pas sur la reprise».

Si la campagne primeurs 2014 des grands crus bordelais «n'a pas été euphorique, mais pas catastrophique non plus», selon le président du CIVB, la parité euro/dollar a eu plus d'effet «sur la commercialisation des vins livrables, les millésimes 2011 et 2012, que sur les primeurs 2014», a-t-il dit, notant que «l'important est que nous soyons sur une dynamique forte».