«Avez-vous du vin nature?» Posée dans une succursale de la SAQ, il y a quelques années, la question suscitait soit: a) un air interrogateur, b) un sourire amusé, c) un «désolé, madame...». Les temps changent. Le 23 avril, la société d'État mettra en vente d'un coup six vins produits le plus «naturellement» possible.

«On sait que les vins nature suscitent un engouement depuis longtemps, mais à la SAQ, ils étaient bloqués à cause du laboratoire d'analyse. Certains ne respectaient pas le niveau minimal de sulfites nécessaires à la stabilité du produit. Mais à la demande de la clientèle, nous avons décidé de faire un test avec les vins nature», explique Stéphane Leroux, analyste à la sélection et acquisition de produits de spécialité de la SAQ.

Le premier test s'est fait l'an dernier avec les vins Naturae de Gérard Bertrand. Les puristes de ce que certains appellent les «vins vivants» ont décrié cette opération. Il faut savoir que ces vins de M. Bertrand n'ont, en effet, pas de soufre ajouté, mais sont pasteurisés. Après, selon M. Leroux, le Naturae «a quand même le profil d'un vin nature». Le rôle de cette cuvée était d'initier la clientèle à «ces vins-là».

M. Leroux, un sommelier primé, a travaillé en restauration pendant plusieurs années, entre autres au Leméac. Il s'est donc servi de ses contacts auprès des agences d'importation de vin pour dénicher des «vins nature» «assez stables, abordables, avec un beau potentiel commercial». Les agents et vignerons devaient montrer des preuves de certification (culture biologique ou biodynamique) et présenter des doses minimales de sulfites.

Du rouge s'il vous plaît! 

Pour cette première commercialisation groupée de vins naturels, la SAQ n'a commandé que des vins rouges, parce que les Québécois les préfèrent, de loin, aux blancs. Selon le succès de l'opération, des arrivages de chardonnay, sauvignon et autres rieslings pourraient suivre.

On sait que les vins produits avec le moins d'intervention possible, parce qu'ils ont très peu ou pas du tout d'agents de conservation, sont plus fragiles. Ils ne seront pas conservés dans des conditions différentes des autres vins, dans les 13 succursales choisies de la SAQ, mais la société d'État a tout de même pris soin de choisir la période et la méthode de transport adéquates (ni trop froides ni trop chaudes) pour faire livrer les précieuses caisses.

Il est quand même intéressant de savoir que bien avant cette opération, la SAQ a commencé à accepter quelques vins qui correspondent à la définition d'un «vin nature». Le Brouilly de Georges Descombes (12494028), le Château Cambon des familles Lapierre et Chanudet (12454991), les Morgon de Jean Foillard (11964788 et 12201643), les vins de Pierre et Catherine Breton, les cuvées siciliennes d'Arianna Occhipinti et de son oncle Giusti (vignoble COS), etc. font le bonheur des amateurs de «vin vrai».

«On veut que la rencontre entre le consommateur et les vins nature soit heureuse. Les conseillers des succursales choisies ont été formés pour répondre aux questions. On a le souci d'éduquer les gens et de les aider à faire un choix éclairé. Après, les ventes et le taux de retour de bouteilles nous diront si on a bien fait notre travail!», conclut M. Leroux.

Six produits de régions, cépages et types différents ont été choisis pour représenter le «vin nature» à la SAQ, dès le 23 avril: 

PREMIÈRES VENDANGES (GAMAY), Henri Marionnet, 24,20 $ (12517875)

CHINON BEAUMONT ÉPAULÉ/JETÉ 2012, Pierre et Catherine Breton, 22,65 $ (12517921)

CÔTES-DU-RHÔNE VILLAGE VISAN NATIVE 2012, Domaine de la Fourmente, 19,85 $ (12517832)

BARBERA D'ASTI SUPERIORE VIGNE DELLA NOCE 2008, Ezio Trinchero, 24,45 $ (12517710)

LE PTIT POQUELIN 2013 (GAMAY), Domaine des Côtes de la Molière, 21,70 $ (12517998)

CORBIÈRES L'ENCLOS 2012, Domaine des 2 Ânes, 24,65 $ (12518000)