Six ans après le lancement du plan national Ecophyto de réduction des pesticides, aucun progrès significatif n'a été enregistré et le coût des équipements spécifiques continue de dissuader les viticulteurs, déplorent les professionnels de l'oenologie réunis jusqu'à jeudi à Bordeaux dans le cadre du salon Vinitech-Sifel.

La France se situe au troisième rang mondial dans la consommation de produits phytosanitaires (pesticides et herbicides), derrière les États-Unis et le Japon. Depuis 2008, le plan Ecophyto, lancé lors du Grenelle de l'environnement, a pour objectif de réduire de 50% leur emploi d'ici à 2018. Cette réduction mise notamment sur l'utilisation d'un pulvérisateur confiné, technologie plus coûteuse, mais qui permet de retenir 30 à 40% des produits rejetés dans l'air et d'éviter ainsi les risques d'exposition des riverains.

Mais à mi-parcours, moins de 5% des agriculteurs utilisaient le fameux pulvérisateur et le ministère de l'Agriculture s'était résolu à repousser l'échéance, pour miser plutôt sur le long terme.

«Le nouvel objectif d'Ecophyto est de diminuer les pesticides petit à petit, tout en étant viable économiquement pour l'agriculteur, puisqu'il ne peut se passer de pesticides», explique François Hervieu, chef du service régional de l'alimentation à la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DRAAF) Aquitaine, interrogé par l'AFP.

«Mais il faut savoir que c'est un risque pour la population. Les agriculteurs y sont de plus en plus sensibles, mais ne passent pas encore par la case achat», souligne-t-il.

Le coût d'un pulvérisateur confiné reste élevé, de 30 000 à 40 000 euros, soit 10 000 euros de plus qu'un pulvérisateur standard.

«C'est l'inconvénient majeur, mais il faut s'y intéresser. D'autant que c'est une solution pour limiter les risques sur les maisons et les écoles environnantes», assure Philippe Ducourt, vigneron girondin des Vignobles Ducourt, qui a testé la pulvérisation confinée en 2013.

Depuis une série de malaises signalés dans une école primaire à Villeneuve (Gironde) en mai 2014, un arrêté préfectoral interdit aux vignerons du département d'appliquer des produits phytosanitaires à moins de 50 mètres des limites des établissements scolaires. Les technologies de pulvérisation confinée proposées par Ecophyto permettraient aux viticulteurs d'être exemptés de ces règles.

«Cette polémique a contribué à faire passer un message, mais nous sommes encore dans une période de prise de conscience», nuance François Hervieu.

Pour sensibiliser et accompagner au mieux les producteurs, Ecophyto propose des sessions de formation et des aides régionales.