La 154e vente des Hospices de Beaune dimanche, dont les prix étaient en milieu d'après-midi en hausse par rapport à 2013, a vu partir la «pièce de charité» pour 220 000 euros (près de 311 111 dollars) à des acheteurs québécois.

Le directeur général de la maison de négoce Bichot, Albéric Bichot, a expliqué «s'être mis à six» avec ses clients québécois pour acquérir la «Cuvée des présidents», vendue sous le marteau d'Adriana Karembeu et de Michel Drucker, parrains de cette 154e vente des Hospices de Beaune.

Sur l'estrade, un des acheteurs a dit être «très heureux» de participer à cette vente.

«La pièce du président, c'est toujours un mystère, mais nous avons un client qui est sur les rangs», avait confié M. Bichot avant la vente.

Ce groupe d'amateurs canadiens achetait pour la première fois à la vente des Hospices avec une «motivation pure»: «la charité au travers des grands vins», selon un membre de la maison Bichot.

Le Canada représente le cinquième marché à l'exportation pour les vins de Bourgogne.

Les enchères pour ce tonneau de 228 litres de Corton-Bressandes Grand cru sont montées bien au-delà des 131 000 euros de la pièce de charité 2013 (un tonneau de 456 litres contenant le Premier Cru Meursault-Genevrières), Adriana Karembeu ayant offert au seuil de 200 000 euros ses lunettes «parées de vrais diamants» à M. Bichot, avant que Michel Drucker ne promette un «dîner avec George Clooney à 300 000 euros et à 400 000, avec Angelina Jolie».

Le résultat de la vente de cette pièce sera reversé à deux associations, «Toutes à l'École», qui finance la scolarisation de jeunes filles au Cambodge, et la Fondation Imagine, en faveur de la recherche sur les maladies génétiques.

Hormis cette pièce, le reste de la vente des Hospices de Beaune revient à l'institution hospitalière des Hospices, fondée au XVe siècle par Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne, afin de financer la modernisation de l'hôpital de la ville et l'entretien du bâtiment historique de l'Hôtel-Dieu.

Au total, 534 pièces de 47 cuvées (33 de rouge et 14 de blanc) sont mises aux enchères.

Record à 74 900 euros pour un Grand cru 

Tandis que les négociants prévoyaient avant la vente une «stabilité pour les blancs» et une «baisse sur les rouges», à la moitié de la vente, les prix étaient «en hausse de 25 % sur des blancs rares et en augmentation de 6 à 7 % sur les rouges», selon le président de l'Union des maisons de vins de Bourgogne, Frédéric Drouhin.

«C'est une vente dynamique qui reflète le jugement très qualitatif des acheteurs», a-t-il estimé.

Selon Christie's, un lot de Clos de La Roche Grand cru a atteint le prix record de 74 900 euros (près de 106 000 dollars) pour une pièce vendue aux Hospices de Beaune.

En 2013, la vente, où avaient été proposées 443 pièces (fûts de 228 litres) de 43 cuvées, avait rapporté la somme record totale de 6,3 millions d'euros.

Responsable du département vin chez Christie's, Anthony Hanson, avait pour sa part assuré qu'«avant, la vente était un thermomètre» pour les marchés des vins de Bourgogne.

«Aujourd'hui, le thermomètre est cassé: c'est une vente de charité, les gens n'achètent pas pour faire du commerce, mais pour une autre motivation», avait-il estimé dans la matinée lors d'une conférence de presse.

Les vignerons abordaient toutefois ce millésime 2014 avec «le sourire».

«Le bilan est encore délicat, mais les premières estimations prévoient une production de 1,5 million d'hectolitres. Cela va apporter un grand ballon d'oxygène à la Bourgogne car nos stocks étaient au plus bas», a estimé le président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB), Jean-Michel Aubinel.

En 2013, les professionnels s'étaient alarmés de «stocks historiquement bas», qui mettaient à mal les exportations.

«Qualité et quantité, cela va rééquilibrer notre Bourgogne sur les marchés», s'est félicité M. Aubinel.