Les premières vendanges en France ont commencé dans le Roussillon autour de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) pour des crus qui s'annoncent excellents, ont annoncé les vignerons jeudi.

Aux environs de 8H00, les premières «colles» (équipes de vendangeurs) se sont mises à l'oeuvre sur les domaines de Cazes ou de Rombeau pour cueillir à la main ou à la machine les muscats petits grains qui serviront à élaborer des muscats blancs secs primeurs, les premiers vins à être mis sur le marché français le troisième jeudi d'octobre, ont indiqué les vignerons.

C'est en fait dès mercredi que l'on a commencé à vendanger discrètement dans les vignobles du village de Maury. Mais, partout, le constat est le même: l'année s'annonce bonne.

«L'année dernière avait été exceptionnelle en quantité. Cette année, la quantité est normale, mais la qualité est exceptionnelle», dit Pierre-Henri de La Fabrègue, propriétaire du domaine séculaire de Rombeau.

«Les vendanges, c'est beaucoup d'émotion, c'est le fruit d'une année. On est là à se demander: est-ce que tout va bien marcher, est-ce que les pressoirs sont bien huilés ? Mais quand on les commence dans de si bonnes conditions, on a du plaisir à le faire», s'enthousiasme cet héritier de générations de vignerons.

La climatologie et l'ensoleillement des dernières semaines ont été «absolument parfaits», abonde Emmanuel Cazes, du domaine du même nom, «c'est une année qui devrait encore donner le sourire».

Les viticulteurs de Rivesaltes et ses environs sont traditionnellement les premiers à vendanger. Cela tient à la situation du département, le plus méridional et l'un des plus ensoleillés de France; aux petits rendements du vignoble; et à la précocité du muscat petits grains, l'un des cépages du département.

Si l'on récolte dès à présent, c'est parce que certaines parcelles sont déjà bien avancées, mais aussi pour obtenir un vin plus vif, aux arômes de pamplemousse ou de fleur qui sera servi à l'apéritif ou avec du poisson. «Si on le cueille dans deux semaines, quand le raisin sera bien plus mûr, on sera sur des notes de fruits confits, de menthol, de camphre, des choses plus épicées, une autre personnalité», dit Emmanuel Cazes.

Le vin qui sera fabriqué avec ces vendanges précoces ne représente qu'une toute petite partie de la production du Roussillon. La production des caractéristiques vins doux naturels Rivesaltes et Muscat de Rivesaltes, mais aussi des AOC Côtes-du-Roussillon ou Côtes-du-Roussillon Villages attendra encore. Emmnanuel Cazes, à la tête avec son père d'un vignoble de 180 hectares tout en bio, prévoit «le plein boom» entre le 20 août et le 15 septembre.

Le Muscat de Rivesaltes compte pour environ 120 000 sur les 850 000 hectolitres produits par le département, le Rivesaltes 80 000, les AOC Côtes-du-Roussillon et Côtes-du-Roussillon Villages environ 200 000, les vins de pays 200 ou 300 000 et les vins de table moins de 100 000, dit Marc Guichet, de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales.

«L'année dernière, on a eu une récolte exceptionnelle, ça a été la récolte du siècle. Cette année, on pense qu'on sera autour de 35 hecto/hectare, une récolte tout à fait moyenne pour peu que les conditions climatiques nous accompagnent», dit-il.

Mais, quant à la qualité, «c'est joli», dit-il en soulignant l'excellent état du raisin, préservé des parasites et des maladies, «on va de nouveau avoir, comme depuis quelques années, des vins très concentrés, très colorés, très puissants au niveau aromatique».

L'organisme officiel FranceAgriMer prévoyait en juillet que les vendanges 2012, moins abondantes, ne débuteraient en majorité que mi-septembre en France.