Il n'y a pas que les vacanciers qui se réjouissent du temps sec et chaud des dernières semaines. Les vignerons québécois aussi.

Les conditions climatiques qui ensoleillent notre été éloignent plusieurs maladies de la vigne et favorisent la maturation des raisins, selon les vignerons sondés par La Presse. Si bien qu'ils s'attendent à ce que la récolte 2012 soit d'une qualité exceptionnelle.

Dans les champs, les vignes sont parfaites, indiquent les producteurs de différentes régions. Les températures ont été si élevées que les vendanges pourraient être devancées de plusieurs semaines.

C'est le cas au vignoble Carone, dans Lanaudière, où plusieurs cépages ont déjà commencé à changer de couleur. Ce stade du cycle végétatif, appelé véraison, se fait normalement au mois d'août dans les domaines québécois. Les vendanges ont généralement lieu de 40 à 50 jours après ce stade.

«Si on compare avec les autres années, explique le vigneron Anthony Carone, on est en avance de trois à quatre semaines. Mon cépage cabernet severny a déjà changé de couleur. Il est rouge-noir. Le frontenac aussi.»

Amener les raisins à maturité est l'un des principaux défis des vignerons québécois. La courte saison chaude et les froids précoces de l'automne restreignent la période durant laquelle les fruits peuvent parfaitement mûrir. Les vins qu'ils produisent sont donc plus acides et plus faibles en alcool que ceux des régions vinicoles plus chaudes.

Anthony Carone craint d'ailleurs que les vins 2012 manquent d'acidité et queur pourcentage d'alcool soit plus élevé. Mais Jean Joly, propriétaire du vignoble du Marathonien, à Havelock, estime que, malgré le temps chaud des derniers jours, l'acidité de ses raisins est parfaite. Selon lui, le taux d'alcool de ses vins ne sera pas de plus d'un degré au-dessus de la normale, soit autour de 12%.

Bonne année pour les viniferas

L'agronome Isabelle Turcotte conseille plusieurs vignerons en Montérégie. Elle constate que les températures de cet été favorisent les cépages plus tardifs comme le frontenac et le vidal, mais aussi les viniferas. Ces variétés venues d'Europe, tels le chardonnay, le pinot noir et le riesling, ont d'habitude plus de mal à mûrir au Québec. Mais la situation pourrait être différente cette année.

«La vigne avance plus rapidement cette année, dit-elle, parce qu'il fait très chaud. Dans ce temps-là, on va aller chercher une meilleure maturité des raisins. Ça laisse plus de temps à la vigne, la saison s'allonge.»

Elle remarque que le temps sec a protégé la vigne de certaines maladies comme le mildiou. Il y a également moins de pourriture dans les vignobles, ce qui entraînera moins de pertes.

Les vignerons croisent les doigts

Les températures des prochaines semaines seront déterminantes pour la qualité du vin. La pluie, le froid ou les orages peuvent tout faire basculer. Pour cette raison, Karine Bergeron, agronome au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ), se garde bien de s'emballer.

«On a de belles conditions jusqu'à maintenant, oui. Mais est-ce qu'on aura des gels hâtifs qui ne permettront pas aux raisins d'atteindre leur maturité? Est-ce que le mois d'août sera très pluvieux et occasionnera des maladies ou des problèmes d'insectes? Je ne sais pas.»

Jean Joly, au vignoble du Marathonien, croise les doigts. Il craint que les températures élevées n'entraînent de la grêle. À cette période de l'année, les morceaux de glace peuvent couper les grappes et causer de la pourriture sur les raisins.

La sécheresse n'a toutefois pas que du bon, notamment pour les nouvelles plantations, dont les vignes ont besoin d'eau.