La récente campagne de publicité d'IGA provoque l'inquiétude chez les agents de vin et la Société des alcools du Québec (SAQ). Car le détaillant en alimentation présente les trois nouveaux vins vendus dans ses supermarchés comme étant des « importations privées », alors qu'ils sont à leurs yeux tout simplement des vins d'épicerie.

« On se sent exproprié, rage Pierre Birlichi de l'agence d'importation Raisonnance. On ne peut pas vendre une importation privée à l'unité et encore moins en épicerie. »

Il n'est pas le seul à être préoccupé par la publicité d'IGA.

Le président du Regroupement des agences spécialisées dans la promotion des importations privées des alcools et des vins (RASPIPAV), Alain Rochard, croit aussi que cette campagne laisse entendre que les vins d'importation privée sont disponibles dans les supermarchés, alors que c'est faux.

Les vins d'importation privée arrivent au Québec via la SAQ. Mais ils ne sont pas vendus sur ses tablettes. Ils ont été sélectionnés par des agents qui se chargent d'en faire la promotion et la représentation. Pour se les procurer, il faut passer une commande à l'agence responsable. Il faut ensuite les payer à la SAQ qui effectue la livraison. Ces bouteilles ne peuvent pas être achetées à l'unité. Elles sont obligatoirement vendues en caisse de six ou de 12 ou, plus rarement, de trois.

Quant aux vins vendus dans les supermarchés et les dépanneurs, ils sont toujours embouteillés au Québec. Le vin est expédié en vrac par bateau, et transporté par des camions-citernes jusqu'au lieu d'embouteillage. On ne peut mentionner sur ces bouteilles de vin ni l'appellation d'origine contrôlée du liquide ni le cépage ni l'année de vendange des raisins.

La SAQ préoccupée

La SAQ a contacté Sobeys (IGA) pour lui exprimer son inquiétude face à l'utilisation de l'expression « importation privée ». Mais la chaîne ne voit aucun problème avec sa nouvelle campagne. Selon ses représentants, il n'existe aucune définition du terme qui puisse contredire sa publicité. En effet, le RASPIPAV n'a pas protégé légalement ce terme. Et la SAQ utilise plutôt l'expression « commande privée ».

Anne-Hélène Lavoie, porte-parole de Sobeys au Québec, ajoute que la campagne a reçu la bénédiction de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ).

Vérification faite, les publicités sont conformes aux règlements en vigueur, dit-on à la RACJ. Selon Joyce Tremblay, porte-parole de la régie, le message est légal et non trompeur.

Mais le RASPIPAV n'en démord pas : la publicité d'IGA menace ses efforts pour faire connaître le complexe processus des importations privées.

Des exclusivités

IGA annonce dans sa publicité que ses cuvées Grands arrivages sont exclusives à ses détaillants. La SAQ assure toutefois qu'il n'y a aucune exclusivité dans le marché de l'alimentation au Québec. Ainsi toutes les bannières ont accès aux mêmes cuvées. Pour l'instant, toutefois, la chaîne est la seule à avoir acheté les vins en question.

La SAQ précise qu'il reste toujours 17 caisses dans les entrepôts du monopole qui peuvent être commandées par n'importe qu'elle bannière.