Un mois après que le printemps hâtif a semé l'angoisse chez les pomiculteurs et les cidriculteurs de la province, c'est au tour des vignerons des Cantons-de-l'Est d'être inquiets. Environnement Canada prévoit des températures sous la barre du zéro dans les nuits de vendredi à dimanche. Ces gels pourraient mettre en péril une partie de la récolte 2012.

« Il y a une immense inquiétude chez les vignerons, explique Denis Paradis au Domaine du Ridge, surtout chez les producteurs de rouge. Car les bourgeons sont sur le point d'ouvrir. »

Le vigneron multiplie les appels pour trouver des bénévoles et des bûches. Car si les prévisions météos sont exactes, il songe à allumer des dizaines de feux entre ses rangées de vignes pour garder ses bourgeons à l'abri du gel.

Comme l'explique l'agronome Gaëlle Dubé, les gels printaniers représentent un grand risque pour la vigne. Ils peuvent endommager ou tuer les bourgeons primaires. La spécialiste précise que ces bourgeons sont les plus productifs. S'ils gèlent, les vignerons risquent de perdre une partie importante de la récolte à venir.

« Ils ont raison d'être inquiets, assure le météorologue d'Environnement Canada, René Héroux. On est très confiant que ça va geler et ça va geler d'aplomb! »

Selon les prédictions de l'organisme, dans la nuit de samedi à dimanche et tôt lundi matin, le thermomètre pourrait descendre jusqu'à -7 degrés Celsius. René Héroux précise que les températures normales à cette époque de l'année se situent entre deux et quatre degrés au-dessus de zéro.

Environnement Canada a d'ailleurs devancé de quelques jours son programme d'alerte officielle concernant les risques de gel au sol. Car en raison des chaleurs précoces enregistrées au mois de mars, plusieurs cultures pourraient être affectées par le froid.

Au vignoble de l'Orpailleur, Charles-Henri De Coussergues est cependant moins alarmiste.

« On est limite sur les cépages précoces comme le maréchal-foch ou le baco, dit-il. Car ils se développent plus vite. Dans dix jours, si on a du gel, ce sera encore plus dangereux. »

Le vigneron indique que les domaines situés dans les régions plus chaudes comme le sud de la Montérégie et les Cantons-de-l'Est doivent se méfier davantage du gel prévu ce week-end.

L'agronome Isabelle Turcotte est aussi confiante. Elle constate dans les vignobles de la Montérégie que les bourgeons sont moins avancés et possèdent toujours leur protection naturelle. Elle explique que l'on est loin des gels printaniers reçus en 2009 et en 2010 qui avaient alors fait perdre jusqu'à 50% des futures récoltes de certains producteurs.