Le combat pour la survie du vin de glace québécois se transporte aux Communes. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) demandera aujourd'hui à l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) de renoncer à un règlement qui empêcherait les vignerons québécois d'utiliser l'expression «vin de glace».

Des députés du NPD annonceront ce matin, à Dunham, leur appui aux vignerons québécois. Dans un mémoire, que La Presse a obtenu, le NPD défend la méthode pratiquée par les producteurs du vin de glace du Québec, qui diffère de celle de leurs confrères ontariens. Ils demandent ainsi à l'ACIA d'inclure le Québec dans leur nouvelle définition du vin de glace.

«La définition proposée par l'ACIA, avec l'expression raisins gelés naturellement sur la vigne, exclurait une très grande proportion des producteurs de vin de glace québécois, peut-on lire dans le mémoire. Nous croyons que personne ne devrait être laissé en plan par le gouvernement canadien à cause du climat rigoureux qui sévit dans certains endroits du pays.»

Au Québec, la plupart des producteurs coupent les raisins après la tombée des feuilles de vigne, à l'automne. Ils suspendent ensuite les fruits dans des filets au-dessus des plants jusqu'à la période de gel. Les raisins ne sont donc plus «sur la vigne».

Selon le NPD, la mise en filet pratiquée au Québec n'altère pas le goût des vins de glace. «Ça ne change en rien l'authenticité, le goût et la qualité du produit vin de glace, assure Pierre Jacob, député de Brome-Missisquoi. La preuve en est qu'il gagne des médailles dans le monde entier.»

Les experts de la Société des alcools du Québec (SAQ) et du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) sont aussi de cet avis.

Le ministre Christian Paradis a réagi au dépôt du mémoire du NPD. Il a fait savoir qu'«aucune décision n'a été, ou ne sera, prise sans avoir consulté les parties intéressées, incluant les producteurs québécois.»

Un nouveau groupe de travail

L'ACIA confirme qu'un groupe de travail sur le vin de glace sera mis en place dès la fin des consultations publiques, mardi prochain. Il aura pour mandat d'«examiner les problèmes et d'explorer des options». Mais ce comité est loin de rassurer les vignerons du Québec.

Jean Joly, du vignoble du Marathonien, a participé à un premier comité sur les vins canadiens, il y a deux ans. Il se souvient que la méthode d'élaboration des vins de glace du Québec a été exclue de l'entente, à la toute dernière minute.

Il s'inquiète maintenant de voir que la majorité des intervenants de ce nouveau groupe provient de l'extérieur du Québec. Il croit que les vignerons québécois auront du mal à défendre leur technique. «Dans ce groupe, dit-il, il n'y a que 3 personnes du Québec sur 26.»

À cinq jours de la fin des consultations publiques de l'ACIA, les producteurs de vin de glace ont peu de nouvelles des discussions entre le MAPAQ et le fédéral.

«Le mot d'ordre du MAPAQ, c'est que les discussions [entre Québec et Ottawa] se passent bien, dit le président de l'Association des vignerons du Québec, Charles-Henri de Coussergues. Mais on a vu d'autres dossiers où les négociations se passaient bien et, à la dernière minute, ça a changé.»

Pascale Dumont-Bédard, attachée de presse du ministre Pierre Corbeil, assure toutefois que les discussions avec le fédéral progressent. L'ACIA souhaite adopter une définition nationale du vin de glace avant le 31 décembre prochain.