Ceux qui se sont procurés en primeur les Bordeaux 2009 ne seront pas déçus. C'est du moins l'avis des experts qui ont dégusté samedi dernier à Montréal plus d'une centaine de cuvées des châteaux membres de l'Union des grands crus de Bordeaux.

La sommelière Jessica Harnois avait dégusté au printemps 2010 à Bordeaux les cuvées 2009. Elle gardait en mémoire que les vins de ce millésime étaient remplis de fruits, très élégants et équilibrés. La spécialiste a confirmé ses premières impressions lors de la dégustation de samedi dernier.

«J'ai été complètement séduite, dit-elle. Tu vois que 2009 est un très grand millésime de garde. Mais les vins sont aussi prêts à boire plus facilement. Ils ont plus de fruits, mais sans aucune lourdeur.»

La présidente de l'Union des grands crus de Bordeaux, Sylvie Cazes, explique que le beau temps était au rendez-vous en 2009. Les températures étaient régulières. Les raisins ont donc bien mûri. Elle estime que les vins sont soyeux et veloutés en bouche.

Mais le chroniqueur à La Presse, Jacques Benoît, est plus nuancé. Selon lui, les cuvées bordelaises 2009 sont inégales. Le style de plusieurs d'entre elles a été adapté afin de plaire davantage aux dégustateurs américains, comme le célèbre Robert Parker.

«Un certain nombre de vins, selon l'expression des Français, sont «parkerisés», dit-il. Donc, ils sont très concentrés et mettent l'accès sur la puissance plutôt que sur la finesse.»

Jessica Harnois, aussi spécialiste des vins de garde, estime que les Bordeaux 2009 pourront être laissés en cave en moyenne une dizaine d'années. Quant aux vins haut de gamme, elle ajoute qu'ils continueront à se bonifier au fil des 20 prochaines années. Et vu la forte demande pour les vins de ce millésime, la sommelière croit que la valeur de ces bouteilles augmentera considérablement.

Les grands crus 2009 de Bordeaux seront disponibles au Québec à l'automne prochain.

Une longue garde pour les 2010

Si les experts ont été séduits par le millésime 2009, ils attendent avec impatience les cuvées 2010. Ils estiment que ces vins auront un très grand potentiel de garde.

C'est du moins l'avis de Philippe Desrosiers, qui déguste les Bordeaux primeurs depuis 12 ans. Lors de son passage en France au printemps dernier, les vins de 2010 étaient difficiles à déguster. Mais sur le long terme, croit-il, les cuvées de ce millésime seront supérieures à celles de 2009.

La présidente de l'Union des grands crus de Bordeaux, Sylvie Cazes, précise que c'est la structure des tannins des vins de 2010 qui est imposante et qui leur apporte cette grande qualité. Elle prédit que ces vins seront d'une élégance incroyable.

Des prix plus bas pour 2011?

Si les Bordelais louangent leurs millésimes 2009 et 2010, ils se montrent en revanche plus discrets quant à leurs cuvées 2011. Selon Philippe Desrosiers, l'explication est simple : la maturité des raisins était inégale, les domaines ont dû trié pour garder que les plus belles grappes et la qualité des cuvées s'annonce moins exceptionnelle.

Jean-Emmanuel Danjoy du château Clerc Milon à Pauillac est de cet avis.

«Les 2011 sont moins réussis que les 2009 et les 2010», a-t-il avoué samedi dernier à La Presse.

Un sondage en ligne effectué par la critique Jancis Robinson au sujet des Bordeaux 2011 est éloquent. Il démontre que 40 % des répondants seraient intéressés à se procurer des 2011, mais seulement si ceux-ci se vendent la moitié du prix des 2010. Rappelons que le prix des cuvées 2010 a atteint des sommets critiqués par de nombreux spécialistes, dont Robert Parker.

La chronique de Jacques Benoît sur les Bordeaux 2009 sera publiée dans La Presse du samedi 11 février prochain.