Les cépages québécois typiques comme le vidal, le seyval blanc et le Saint-Pépin ne se retrouvent pas au Domaine Carone. C'est pour leurs vins à base de pinot noir ou de cabernet severnyi que les touristes font le détour.

Sarah et Anthony Carone travaillent la vigne à Lanoraie depuis le milieu des années 90. Anthony, côté chais, Sarah, côté marketing. Leur plan : se spécialiser dans des vins rouges modernes et haut de gamme.

Pour réussir, ils ont choisi de planter des cépages dits « nobles », les mêmes variétés qu'en Europe. C'est ainsi que le pinot noir, le sangiovese et le malbec occupent 33 % du vignoble.

« On a de la neige tôt et abondante, à Lanoraie. Alors, ça protège nos vignes pendant l'hiver. Avec le temps, on apprend à connaître notre terrain, notre terroir », explique la propriétaire, Sarah Hoodspith-Carone.

Une partie du domaine de 10 hectares sert de laboratoire. Elle est consacrée aux nouveaux cépages et aux nouvelles méthodes de travail. Sarah Hoodspith-Carone raconte avec fierté qu'il faut beaucoup d'essais et d'expériences avant de faire du bon vin au Québec.

On ne se rend pas chez les Carone pour le côté champêtre du domaine. Au contraire, on est surpris par le minimalisme des lieux. Les vignes s'étendent à perte de vue et devant une petite maison grise. Sans artifice, le bâtiment abrite la famille, la salle de dégustation et le chai.

« Je ne vais pas mettre de l'argent sur un château, explique la femme d'affaires. L'argent que j'ai, je le mets dans les vignes pour faire le meilleur vin possible. »

Leurs efforts leur ont récemment valu une vitrine de choix. Le prince William et son épouse Kate ont dégusté leur cuvée à base de cabernet severnyi lors de leur passage à Montréal.

Le cépage cabernet severnyi est un croisement entre le cabernet et le severnyi. Il a été développé en Russie. Ce cépage résiste bien au froid et donne des vins colorés.

La propriétaire raconte que les royalistes d'ici et d'Angleterre se rendent désormais au vignoble dans le but d'acheter la cuvée goûtée par le couple royal.

D'autres touristes viennent de loin pour déguster leur vin à base de pinot noir, un cépage capricieux qui est très difficile à cultiver, surtout dans un climat froid. Des vinificateurs viennent même de Suède pour comprendre les méthodes de travail du domaine.

Mais au Québec, Sarah Hoodspith-Carone rencontre beaucoup de sceptiques. « Certains croient que nous importons les raisins d'Italie », raconte-t-elle.

Les Carone se démarquent aussi par le style de leurs bouteilles. Les étiquettes sont noires, simples et design. Les bouteilles ressemblent davantage à celles des vignobles du Nouveau Monde qu'à celles plus champêtres des domaines québécois. Difficile de passer inaperçu.

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> Comment s'y rendre

Le vignoble est situé à 5 minutes de l'autoroute 40 à la sortie 130. Vous mettrez une heure de route en provenance de Montréal ou de Trois-Rivières.

> À déguster

Venice, pinot noir 2009

Cet assemblage de 75% pinot noir, de 25 % de landot noir et de cabernet severnyi fait la fierté du domaine. Sa robe est de couleur cerise, assez pâle. Le vin est expressif avec des notes de framboise, de barbe à papa, de gomme balloune et de poivre rose. En bouche, on a une bonne dose d'acidité avec des saveurs de fraises des bois et des notes de fumée. Un vin technique. Un peu cher. 12,5%, Code SAQ: 11 345 258, 35,50$

Cabernet Severnyi, 2008

La robe est rubis et démontre déjà des signes d'âge. Son nez est fermé et évolue sur les notes de bois, d'épices et de viande grillée. En bouche, les tannins sont solides et soyeux. On goûte les prunes rouges, les canneberges, la réglisse et le cassis. C'est équilibré et pas trop costaud. Très bien fait. N'hésitez pas à le mettre en carafe. 13%, Code SAQ: 11 004 488, 24,30$