Peu de gens connaissent Jean-Paul Martin, qui élabore plusieurs vins québécois, comme ceux du Domaine Les Brome et des Vallons de Wadleigh. Depuis trois ans, le Français d'origine produit aussi ses propres cuvées à Sainte-Catherine-de-Hatley. Ses vins sont épatants.

Sur la route 108, qui relie le lac Magog au lac Massawippi en Estrie, le vignoble de la Grange Hatley passe inaperçu. Il n'y a ni affiche ni boutique en bordure du chemin de campagne. La grange de couleur rouge et la clôture blanche servent de points de repère pour trouver l'endroit.

Les vignes se dressent sur le coteau incliné vers le lac Massawippi. Ce n'est pas un hasard si elles sont plantées sur cette pente douce orientée plein sud, plein soleil.

Avant de démarrer son vignoble en 2010, Jean-Paul Martin a étudié et analysé chacun des détails de l'endroit. «J'ai pris les mesures de température chaque heure pendant un an avant de planter», explique-t-il.

«J'ai été surpris de constater que j'ai les mêmes degrés de jour qu'en Bourgogne.»

Pas question toutefois de planter du pinot noir, la variété de raisin qui donne les rouges prestigieux de cette région de France. Jean-Paul Martin conseille les vignerons depuis son arrivée dans la province en 1992. Il croit qu'avec ses hivers rigoureux, le Québec doit davantage miser sur le vin blanc. Pour son domaine, il a choisi le riesling, le pinot gris ainsi que deux variétés hybrides, le lacrescent et le st-pépin.

M. Martin a converti l'ancien poulailler de la ferme en chai. L'endroit est minuscule, «pas plus grand qu'une garde-robe», blague-t-il. Mais c'est suffisant pour y produire ses vins.

L'amour du blanc

Le vignoble de la Grange Hatley commercialise ses produits depuis moins d'un an et, déjà, ses vins se trouvent dans plusieurs restaurants des Cantons-de-l'Est, dont le Manoir Hovey et le restaurant Auguste à Sherbrooke. La Grange Hatley produit également une cuvée exclusive pour le Spa Eastman.

«Je voudrais redonner ses lettres de noblesse aux blancs. Contrairement aux vins rouges, si la matière de base du blanc, le raisin, n'est pas excellente, parfaite, c'est plus difficile de faire un bon vin.»

Le vigneron n'utilise pas de fût de chêne. Il travaille la lie, les levures mortes après la fermentation, pour donner de la texture à ses blancs. Ses vins sont aromatiques et droits. 

Seule déception, on en voudrait plus! Avec ses 3600 pieds de vigne, M. Martin produit à peine 5000 bouteilles. 

À déguster

Les Corneilles, 20 $

Ce vin québécois se démarque par sa complexité. Cet assemblage de st-pépin, de frontenac blanc, de lacrescent et de pinot gris sent bon l'ananas, la poire et l'orange. Au-delà de ses arômes, il séduit encore davantage en bouche par sa texture soyeuse, presque grasse. Il est long et minéral. On goûte le melon miel et les fleurs. Fantastique!

Riesling 2015, 23 $

Jean-Paul Martin ne voulait pas faire un riesling «pétrolé» et tranchant comme ceux d'Alsace. Il souhaitait un blanc plus rond et gourmand comme on en fait dans le Nouveau Monde. Il a réussi et c'est très bon. Ce riesling manque toutefois un peu de fraîcheur et de nervosité à mon goût.

Où les trouver?

La petite production trouve rapidement preneurs. Lorsqu'il n'y en a plus au vignoble, sachez que le Manoir Hovey à North Hatley, l'Auberge aux 4 saisons d'Orford, le restaurant Auguste à Sherbrooke et l'hôtel Ripplecove à Ayer's Cliff en ont sur leur carte.

Comment s'y rendre?

Avant de partir, assurez-vous que vous êtes attendus, car le vignoble n'a pas de boutique. Il est ouvert sur rendez-vous seulement. Il se trouve à 1h30 de Montréal et à 30 minutes de Sherbrooke.

http://www.grangehatley.com

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse