Poussés par un chômage record et attirés par la promesse d'une bonne récolte, les habitants participent plus nombreux cette année aux premières vendanges de la saison en Espagne, sur les terres volcaniques de l'île de Tenerife, dans les îles Canaries.

«Ce n'est pas mon métier, mais au moins c'est un travail, et à l'air libre», témoigne Alejandro Garcia, pendant qu'il coupe, sécateur dans sa main gantée, les grappes de raisin mûr du vignoble Bodegas Marba, près du village côtier de Tejina, au nord-est de Tenerife.

Originaire du village voisin de Tacoronte, ce Canarien de 45 ans a travaillé pendant 15 ans dans une pâtisserie avant d'être licencié, il y a deux ans.

«J'espère ouvrir une pâtisserie spécialisée dans les desserts traditionnels, mais pour l'instant, c'est tout ce que j'ai trouvé», confie-t-il.

«Les gens du coin retournent aux vendanges, parce qu'ils ont besoin d'argent plus que pour autre chose», remarque Domingo Martin Cruz, le responsable de Bodegas Marba. Alors que plus d'un actif sur quatre est au chômage en Espagne (26,26%), le taux bondit jusqu'à 33,7% dans les Canaries.

«Il y a moins d'immigrés dans les champs cette année», souligne-t-il.

Arrivé aux Canaries il y a neuf ans sur un bateau de fortune avec d'autres immigrants sans papiers, Mohammed Laamech, un Marocain de 24 ans, a suivi une formation agricole dans le centre d'accueil pour mineurs où il avait alors été placé.

Protégé du soleil par un chapeau de paille, il dit travailler dans les champs depuis 2005.

«J'aimerais faire autre chose, mais pour l'instant je suis assez heureux ici», explique-t-il.

Cette année, les vendanges dans l'archipel, les premières de la saison en Espagne, s'annoncent bonnes, ce qui devrait permettre à cinq des six grandes appellations locales de dépasser le volume de raisin récolté en 2012.

Au total, les vignobles des Canaries s'attendent à récolter six millions de tonnes de raisin, soit 1,5 million de plus que l'an dernier.