Les petites appellations bordelaises de l'Entre-deux-Mers ont été durement touchées par la grêle des derniers jours, comme certaines parcelles de Vouvray, du Beaujolais, ou même de Bourgogne, mais la grêle a épargné les grands Bordeaux et le Champagne.

Les derniers orages, qui ont traversé la France dans la nuit de mardi à mercredi, ont affecté dans une moindre mesure des vignobles du Haut-Rhin, mais les grands crus d'Alsace ont été épargnés.

Cela «ne semble pas catastrophique, les baies de raisins pouvant parfois cicatriser, voire être compensées par d'autres de la même grappe», a expliqué à l'Alsace le directeur du Comité interprofessionnel des Vins d'Alsace (Civa), Jean-Louis Vézien.

Les vagues d'orages accompagnés de grêle qui, depuis juillet, ont successivement balayé la France, ont cependant causé d'importants dégâts. Le plus lourd tribut a été payé par les viticulteurs de petites appellations de Bordeaux, Bordeaux supérieur, Entre-deux-Mers, Côtes de Castillon.

Dans la nuit de vendredi à samedi, sur les 37.000 hectares touchés dans cette région du Bordelais par un violent orage de grêle, environ 7000 ha de vignobles auraient subi des pertes de l'ordre de 80 à 100%.

«Le territoire impacté est très vaste et des propriétés entières sont dévastées et ont quasiment tout perdu», estime Bernard Farges, président du Comité interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB). Pour lui, les 300 à 400 viticulteurs touchés ne pourront pas compenser le manque à gagner, car «la récolte 2013 est faible en raison des difficultés de floraison en juin».

Le vignoble de Bergerac, situé à la limite de la Gironde, a été touché par ce même épisode orageux, notamment au niveau de cinq communes, représentant une vingtaine de vignerons.

«Dans cette zone, certains ont été fortement touchés, autour de 80 à 100% et d'autres dans une moindre mesure», selon Pierre-Henri Cougnaud, directeur de la Fédération des Vins de Bergerac.

Quelques jours plus tôt, c'est le Beaujolais qui avait été touché, soit «une centaine d'hectares sur les 17 000 que compte l'appellation», dans une secteur situé à cheval entre les appellations Beaujolais, Beaujolais Villages et Brouilly, a rapporté Gilles Paris, vice-président de l'Interbeaujolais.

Les orages de grêle de fin juillet ont également causé de gros dommages en Bourgogne.

Ainsi, dans la prestigieuse appellation côte de Beaune, entre 1700 et 2000 hectares ont été touchés, soit entre 35% et 40% du vignoble et les parcelles, détruites de 10 à 100%, selon les zones. Les régions de Pommard et Volnay avaient également subi d'importants dégâts.

Dans les vignes, une dizaine de jours après la grêle, les «dégâts sont bien visibles». Des parcelles sont touchées à «80, 85 voire 95%», selon le président du syndicat d'appellation de Volnay, Thiébaut Hubert.

Un bilan exhaustif ne pourra cependant être dressé qu'en septembre, le temps d'évaluer la capacité de récupération des ceps touchés.

«Cela retarde les vendanges, qui ne devraient pas commencer avant le 28 septembre, mais ce qui va être déterminant maintenant, c'est la météo de septembre. Il faudrait un vent du nord et de l'ensoleillement», souligne M. Hubert, ajoutant qu'elles seront «plus longues en raison du tri à faire dans les grappes».

Un sentiment partagé par Caroline Chenu, présidente du syndicat des vignerons de Savigny-lès-Beaune, pour qui «les vendanges risquent d'être retardées».

Pessimiste, elle affirme qu'il faudra deux ans pour retrouver des bois qui ne seront pas abîmés» car «en 2014, ça va casser et on ne va pas faire une belle récolte».

Plus au sud, dans la partie nord des Côtes-du-Rhône, un épisode de grêle a impacté le 9 juillet environ 200 hectares en appellation Crozes Hermitage.

Mi-juin, des orages de grêles avaient touché quelque 200 à 250 ha de l'AOC Cahors et causé aussi de considérables dégâts dans le vignoble de Vouvray, dans le Val-de-Loire.

Le Champagne pour sa part s'en sort bien: «les intempéries n'ont causé que quelques dégâts localisés», et le rendement devrait être normal, selon David Lorzon, directeur de la communication du comité interprofessionnel du vin de Champagne.