La France a Francis Cabrel. Le Québec aura bientôt aussi son vigneron-chanteur: Mario Pelchat possède depuis trois ans son vignoble au nord de Montréal. Et il compte produire ses premières bouteilles en 2016.

Mario Pelchat et sa conjointe, Claire Lemaître-Auger, rêvaient d'un vaste champ pour garder des chevaux. Ils ont eu le coup de foudre en 2007 pour un terrain de plus de 13 hectares à Saint-Joseph-du-Lac.

«C'était trop beau pour être vrai, raconte le chanteur. La terre avait trois étangs, des framboisiers, une bleuetière, des asperges et des cèdres. C'était le jardin d'éden.»

Une fois propriétaire, le couple a rapidement mis en veilleuse son rêve équestre. Il était hors de question pour Claire de posséder des chevaux et de les mettre en pension. Ils se sont donc tournés vers un nouveau projet agricole dans cette région célèbre pour sa culture de la pomme: exploiter la vigne.

«Il y a quelque chose d'artistique dans le vin, confie Mario Pelchat. C'était un choix évident pour nous. Ça rejoint à la fois la musique et la mode.»

Sa conjointe, Claire, est en effet designer de vêtements. Depuis 2009, elle a cependant troqué ses aiguilles et ses crayons pour un sécateur. Elle est responsable des travaux agricoles et du champ. Les deux artistes ne s'en cachent pas: le métier de vigneron est difficile.

«Si vous saviez le travail que ça demande!», dit Mario Pelchat.

Clos Pelchat Lemaître-Auger

Le couple a planté ses premières vignes en 2009. Les nouveaux vignerons ont choisi des variétés hybrides, qui s'adaptent plus facilement au climat québécois. Ils possèdent maintenant près de 4200 pieds de frontenac noir, de sainte-croix, de seyval noir, de vidal, un peu de frontenac gris et de seyval blanc.

Leurs installations sont encore modestes: seul un bâtiment agricole construit par le père de Mario Pelchat s'élève fièrement au milieu du champ. À côté, une roulotte sert d'abri temporaire. Car le couple attend toujours le permis nécessaire pour bâtir sa maison. Pendant ce temps, il fait quotidiennement la navette entre Montréal et le vignoble.

Et depuis la fin du mois de septembre, les deux artistes procèdent à leur première récolte. Le chanteur prend d'ailleurs son rôle de vigneron très au sérieux. En chemise à carreaux, les doigts écorchés, il participe aux côtés des bénévoles à la cueillette des raisins.

«Je suis bon élève, dit-il. J'ai suivi des cours de viticulture au Domaine Les Brome et je veux prendre le temps de bien faire les choses.»

Ses admirateurs devront donc être patients avant de goûter à ses premières cuvées. La récolte est encore trop petite pour produire une quantité significative de bouteilles cette année. Mario Pelchat a vendu la totalité de sa récolte au Vignoble Côte de Vaudreuil.

Le couple espère toutefois élaborer ses propres vins sous peu. Pour y arriver, il projette de tripler la superficie de sa plantation dans les prochaines années et de construire un chai d'ici 2016. Le vignoble devrait aussi posséder sa cave et sa salle de dégustation.

«On s'est promis qu'on ne commercialiserait pas notre vin tant qu'il ne serait pas à notre goût», insiste Claire Lemaître-Auger.

À leur goût? Cela signifie, pour Mario, des vins avec du corps et du caractère, de style bordelais, et, pour Claire, un rouge corsé et velouté qui rappelle les cuvées à base de syrah. Ils souhaitent également produire un blanc à base de seyval blanc et de vidal, ainsi qu'un rosé.

Le chanteur rêve aussi de produire son chardonnay. Il craint cependant que le coût d'un vin québécois fait à base de ce cépage noble soit trop élevé.

«Je ne veux pas faire mon deuil des cépages nobles dans mon vignoble, dit-il. Peut-être ferons-nous du chardonnay? Et s'il a du succès, ce sera notre succès, notre réussite.»

Le couple ne veut pas non plus faire son deuil des chevaux. Un espace leur a été réservé entre la future maison et les vignes.

Mario Pelchat ne souhaite pas pour l'instant dévoiler le nom de ses futurs vins. Il raconte, avec un large sourire, que sa mère a trouvé une étiquette de vin qu'il avait dessinée lorsqu'il avait 12 ans. Et cette cuvée fictive s'appelait Riopel, nom inspiré de la fin de son prénom et du début de son patronyme.

Mais il n'y a «aucune chance» que ce nom se retrouve sur leurs bouteilles, tranche sa conjointe.